L’auteur est présenté comme journaliste, et j’ai déjà entendu appeler « livre de journaliste » des machins écrits à partir de renseignements de cinquième main dans un style que même un rédacteur de Code civil trouverait pénible. Une série de tueurs racole, à partir d’informations auxquelles n’importe quel chimpanzé pourvu d’une connexion internet peut avoir accès. (Ça doit être ça, le journalisme 2.0 : tu vas sur wikipédia et tu reformules.)
Mais ce qui me gêne le plus dans cette petite centaine de pages reste leur côté putassier : tout y est tourné vers le sensationnel, et si l’auteur pouvait indiquer le nombre de bouchées qu’il faut à un caïman pour boulotter un yorkshire, il le ferait. La dernière fois que j’ai lu plus racoleur, c’étaient des vieux numéros du Nouveau Détective trouvés dans un grenier, qui avaient au moins le mérite d’être – involontairement – drôles.
Le lecteur bénévole de cette critique objectera que j’aurais dû m’y attendre. Justement non : quand un éditeur spécialisé dans le cinéma propose un livre sous-titré Les serial killers qui ont inspiré le cinéma, je m’attends à ce que ça parle de cinéma. Or, rien d’autre ici qu’une vague esquisse d’analyse d’M le maudit (et à la rigueur une autre de la Nuit du chasseur), que tout spectateur doté de deux hémisphères cérébraux aurait aussi bien pu mener.
Axel Cadieux raconte : tel jour à telle heure, untel tue untel de tant de coups de couteau avant de l’énucléer avec une cuiller à thé ; cet épisode se retrouve dans tel film, mais la cuiller à thé est remplacée par une cuiller à soupe. Et c’est tout : Une série de tueurs ne propose aucune approche ni parti pris esthétiques, intellectuels, moraux, aucune interprétation d’ensemble – par exemple de ce qu’un film dit de celui qui l’a fait, ou de ce que les différentes vogues de films à tueurs nous disent de nous.

Alcofribas
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le 4 sept. 2017

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