Amanda Smyth, irlandaise par son père et son éducation a une mère originaire de Trinité-et-Tobago, lieu où elle situait déjà l'intrigue de son premier roman, l'excellent Black Rock. L'histoire d'Une sorte de paradis se déroule à nouveau dans cette république des Caraïbes, entre les îles de Tobago et de la Trinité (pourquoi la traduction utilise-t-elle systématiquement son appellation espagnole et anglaise de Trinidad ? Mystère. Mais ce n'est qu'un détail). Son protagoniste est un britannique, conseiller des forces de police locales. Un anglais sous les tropiques aurait dit William Boyd. Il a fui son pays à cause d'un drame familial qui a fait chanceler son mariage. Et, sur place, après une période d'adaptation, il a pris ses marques et est tombé amoureux, malgré lui, d'une "jeunette" de 28 ans, qui a l'âge d'être sa fille. La première partie du roman prend tout son temps pour décrire la beauté du lieu, une sorte de paradis, mais aussi sa criminalité galopante et sa corruption endémique. Au coeur du livre, avec l'arrivée de la femme et la fille de l'anglais, une tragédie va confronter ce dernier à la violence qui l'avait épargné jusqu'alors mais aussi à une forme d'ostracisme et l'obliger à prendre une décision cruciale : rester ou partir. Une sorte de paradis joue admirablement des contrastes entre les splendeurs d'une nature exubérante et la pauvreté indigne de ses habitants sans parler de l'extrême barbarie des exactions commises par des adolescents humiliés par l'opulence des touristes. Le constat n'a rien d'original en soi (il est valable pour bon nombre de pays du monde) et la trame d'Une sorte de paradis pourrait sembler jonchée de poncifs sans le style de la romancière, une douceur terrible, et surtout sa connaissance intime du pays. Les pages se tournent toutes seules dans ce livre aux portraits psychologiques fouillés. Une confirmation du talent d'une auteure subtile et rarement démonstrative.

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le 5 janv. 2017

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