« Une vie à Londres » s’ouvre sur une discussion entre Laura Wing et son amie Lady Davenant. Discussion à laquelle le lecteur ne comprend pas grand-chose car les deux femmes poursuivent visiblement une conversation dont il nous manque le début.

Puis, au fil des pages, la grande affaire se fait de moins en moins obscure : à la mort de ses parents, Laura Wing – une jeune américaine ruinée – est venue habiter chez sa sœur aînée, mariée à un anglais fort riche et installée à Londres.

Position qui serait somme toute assez confortable si le foyer en question était respectable. Le souci, c’est qu’il ne l’est pas : Madame Berrington est volage et son époux aussi souvent absent que sa femme. Miss Wing et la gouvernante s’occupent des deux enfants (deux jeunes garçons) et prennent leur mal en patience.
Patience qui s’émousse rapidement d’autant que Madame Berrington continue de nier avoir un amant malgré l’évidence. Le scandale plane au-dessus de la demeure bourgeoise. Laura s’inquiète pour sa sœur et la somme de se reprendre. Laura s’inquiète aussi pour elle-même et craint d’être entrainée dans la tourmente.
Monsieur Berrington parle maintenant de divorce. Des mots odieux sont prononcés. Les santés mentale et physique de Laura sont menacées. Le lecteur sent la jeune fille sur les charbons ardents quand un beau jeune homme apparaît : Monsieur Wendover, américain lui aussi, est fréquemment vu en sa compagnie. Une cour semble voir le jour et la vieille Lady Davenant se réjouit pour sa jeune amie qui a grand besoin de soutien et qu’elle voit déjà menée devant l’autel, tout de blanc vêtue…

Avec ce récit, Henry James revient sur les unions mixtes célébrées entre américains et britanniques. Et c’est une nouvelle fois avec pessimisme qu’il évoque les relations entre deux peuples manifestement pas fait pour se comprendre. Mais cette fois, c’est la jeune américaine qui se montre la plus affectée par l’adultère de sa sœur. L’Amérique habituellement décrite comme libérée, indépendante et moderne est ici consolée, rassurée et apaisée par une Angleterre pourtant considérée comme conservatrice et aux idées quelques peu anciennes – pour ne pas dire rétrogrades.

Un récit oppressant. Une jeune fille aux nerfs soumis à rude épreuve. Une nervosité palpable qui ne manque pas d’affecter le lecteur. On tremble pour Laura, on s’irrite de l’attitude passive de son soupirant qui ne semble pas décidé à franchir l’ultime pas. On reprend notre souffle dans le salon feutrée d’une Lady Davenant spirituelle et tout à fait irrésistible.

Une excellente lecture : l’une des meilleures nouvelles parmi la quarantaine qui me sont déjà passées sous les yeux.
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le 15 nov. 2013

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