L'irakien Ali Bader n'a pas encore quarante ans mais il a déjà publié 13 romans, des essais et des recueils de poèmes. Ce multi instrumentiste de la littérature n'a cependant été traduit que récemment en français avec Papa Sartre, son premier roman. Vies et morts de Kamal Medhat est son huitième, publié en langue arabe en 2008. Portrait d'un musicien qui a connu trois identités et vu par un journaliste enquêteur qui se lance sur ses traces après son assassinat, le livre se révèle passionnant parce qu'il raconte de 50 ans d'Histoire du Moyen-Orient en général, et de l'Irak, en particulier. A moins d'être érudit en la matière, on y apprend une foultitude de choses sur cette partie du monde, de Jérusalem à Bagdad en passant par Amman, Beyrouth, Damas et Téhéran. Qui, par exemple, connait le coup d'Etat du 1er avril 1941 qui fit passer l'Irak, pour un temps, dans le camp nazi et provoqua la mort de nombreux juifs ? Le personnage de Kamal Medhat est ambigu : sans cesse pourchassé, parfois trahi par sa virtuosité dans le domaine de la musique, il est aussi capable de renier ses convictions politiques (il joue pour Saddam Hussein) par opportunisme. Placé sous la "protection" de Fernando Pessoa, ce livre brillant et rapide, au rythme chatoyant, Ali Bader montre que l'identité de l'Irak est multiple et que les rares moments d'accalmie que le pays a connu depuis les années 40 étaient marquées par la tolérance religieuse et une certain goût pour les plaisirs terrestres qu'ils soient la culture ou la chair. A l'image de Kamal Medhat, séducteur et jouisseur, qui dans tous les moments de sa vie a multiplié les conquêtes féminines, caractère que le narrateur épingle avec une certaine ironie.

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le 17 déc. 2016

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