Premier (et fort probablement le dernier) roman écrit par Canesi et Rahmani que je lis, obtenu via les fameuses offres « 1 livre offert pour 2 livres achetés » (les affaires…). Ma foi, vu le pitch et certaines critiques, je m'attendais à pire. En fait, autant je n'ai pas apprécié une bonne partie du bouquin, cousu de fil blanc, avec un personnage principale qui m'a été antipathique tout du long (je précise que cela n'est pas un défaut, mais n'aide pas à s'intéresser à cette dernière, à avoir de la pitié pour elle), autant il y a eu un gros effort de fait pour ancrer l'histoire qui nous est contée dans la réalité.



En effet, ne connaissant pas la Villa Taylor avant ça, j'ai été surpris de constater que ce lieu, en plus d'exister réellement et d'avoir une histoire singulière (ne serait-ce que pour son architecture, hors-norme à Marrakech), était lié à de nombreuses personnalités du siècle dernier. En effet, Canesi et Rahmani n'ont pas hésité à mêler la petite histoire à la grande, à évoquer le rôle qu'elle a eu lors de la Seconde Guerre mondiale, par exemple, lors de la rencontre entre Churchill et Roosevelt en 1943. Churchill est d'ailleurs souvent évoqué dans le bouquin, avec de nombreuses citations et anecdotes le concernant (ce qui donne envie de lire une biographie du bonhomme).

La présentation de Marrakech, et du Maroc en règle général, et elle aussi intrigante, sans pour autant tomber dans le piège du « cliché », de l'orientalisme, comme le font de nombreuses autres œuvres. On sent que les auteurs ont tout fait pour se rapprocher de la réalité et, donc, s'éloigner des fantasmes que peuvent avoir certains occidentaux du Maghreb.



Le problème, du coup, c'est j'ai bien plus aimé le livre pour ses à-côtés, que pour l'histoire, ce qui arrive à Diane de Verneuil, le personnage principale, caricaturale, du récit. Pour le coup, effectivement, ce n'est pas parce que le bouquin est écrit à la première personne que je vais réussir à avoir de l'empathie pour elle (ce serait peut-être même pire en fait). C'est le genre de personnage détestable, qui ne pense qu'à sa gueule, donne des ordres à tout le monde, se croit au-dessus d'eux… bref, je n'en avais rien à faire de ce qui lui arrivait durant le récit. Certes, le personnage évolue quand même un petit peu, mais le choix qu'elle fait à la toute fin, à savoir pardonner, mais surtout, se mettre en couple avec la personne qui a tenté de la violer… franchement ? En plus de ça, le bouquin met un paquet de temps avant de nous confirmer que c'est bien lui l'agresseur à côté de ça, alors que c'est le suspect principal. J'apprécie le fait que ce soient les sens et non l'intellect qui permettent de deviner l'identité du coupable ceci dit.

Ce même personnage principal étant « à la tête d'une grande banque d'affaires », à la fin, on obtient une sorte de produit d'un capitalisme qu'on aurait réussi à moraliser… la belle blague. J'ai eu l'impression tout du long de lire un bouquin écrit par les derniers des socdems, ne serait-ce que pour le jargon employé.


Curieusement, ce sont les personnages les plus « insignifiants » du récit qui m'ont le plus intrigué. À côté, même le passé de Moune, la grand-mère du personnage principale, décédée au tout début du récit ne m'a pas intrigué plus que ça, ne serait-ce que pour le jeu de piste un peu nul qu'elle a créée… oui parce que bon, je ne vais pas épiloguer là-dessus, mais le jeu de piste mis en place par la grand-mère, et qui se déroule en arrière-plan tout du long, n'a absolument aucun intérêt : sans aucune crédibilité en plus d'être prévisible. J'ai préféré le rôle du personnage de Salim. Non pas pour l'écriture du personnage (encore une fois), mais pour ce à quoi il renvoie : le fait d'être marocain avec des origines juives aujourd'hui, et les différentes expulsions et départs qu'ont connus les séfarades depuis 1492.

Finalement, le meilleur personnage du récit… c'est la villa. Ça peut paraître con dit comme ça, mais le lieu fonctionne comme une sorte de « piège » mis en place contre le personnage principal, l'enfermant plus que la conduisant vers la réalité. Sans aucun doute l'une des meilleures idées du récit.



Bref, là, je me rends compte que j'ai trouvé davantage de défauts que de qualités à ce livre. Le truc, c'est que quitte à apprendre des trucs sur le Maghreb, la Villa Taylor ou la vie de Churchill… bah autant lire des livres portants directement sur ces deux sujets. Ouai, parce qu'à côté, entre les personnages pas très bien écrits et la subtilité d'un 38 tonnes, le bouquin n'a pas grand-chose pour lui, prosaïquement parlant, en plus d'être trop long pour ce qu'il a à nous raconter. En fait, on n'est pas trop loin de la fan fic par moment, et ça, franchement, ç'aurait plutôt tendance à m'horrifier.

MacCAM
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le 8 sept. 2024

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