Lu ou relu quelques courts romans ou récits de Stefan Zweig. Fabuleux.


Amok ou le fou de Malaisie.
Une histoire fiévreuse d'obsession d'un médecin pour une femme venue le consulter pour un avortement. Une histoire de folie, de désir inassouvi qui se termine de façon funèbre. 60 pages, pas davantage, suffisent à Zweig pour mettre en scène et décrire une pulsion démente. Cela se lit
comme un thriller clinique. Brillant.


La femme et le paysage.
Un récit très bref, qui n'est fait que de sensations. Celles d'un été à la chaleur étouffante dans le Tyrol. Et d'une nuit suffocante -rêve, cauchemar, réalité ?-, partagée avec une femme mystérieuse et sépulcrale. Le narrateur étanche sa soif aux lèvres de cette inconnue, avant que l'orage n'éclate. Magistral.


Lettre d'une inconnue.
Je n'avais jamais lu la nouvelle qui a inspiré le magnifique film d'Ophüls. Je ne suis pas déçu. C'est une petite merveille de concision, de passion consumée au fil des ans. Un sommet de la littérature
amoureuse, beau comme comme un requiem pour un amour exclusif. Eblouissant.


La ruelle au clair de lune. Un port. Une rue mal famée. Un bouge où une femme maltraite un homme silencieux. Puis la confession : les remugles d'une passion tombée dans la fange. Tragique.


Destruction d'un coeur. Le titre dit tout. Devenu invisible aux yeux de sa femme et de sa fille, un
homme choisit de mettre son coeur en hiver. Jusqu'à la mort, comme une délivrance. Terrifiant.


Vingt-quatre heures de la vie d'une femme.
Les confidences d'une vieille femme fanée à un presque inconnu (procédé récurrent chez Zweig). 24 heures de bouleversement des sens, le temps pour se créer les souvenir les plus vifs d'une existence, que l'on n'oubliera jamais. Le style de Zweig est à son zénith : élégant, précis, charnel et lumineux. Merveilleux.


La collection invisible.
Une histoire de rien du tout, pathétique. Celle d'un homme devenu aveugle qui croit, chaque jour, admirer sa collection d'estampes depuis longtemps dispersée par sa parentèle. Tendre.


Le voyage dans le passé.
Séparés depuis 9 ans, en partie à cause de la guerre, un homme et une femme se retrouvent enfin. La nostalgie du passé et de ce qui aurait pu être est plus forte que le présent. Mélancolique.


Révélation inattendue d'un métier.
Un récit atypique dans l'oeuvre de Zweig. La simple observation des allées et venues d'un pickpocket devient pour un voyageur oisif une aventure digne des meilleurs polars. Captivant.


Le joueur d'échecs.
Dernier écrit de Zweig, quelques mois avant son suicide. Portrait de la schizophrénie d'un joueur d'échecs. On est obligé d'y voir le symbole de la folie du monde aux yeux de l'écrivain. Quand le joueur se retire d'une dernière partie, c'est comme si Zweig démissionnait de la communauté humaine. Le talent de conteur de Zweig n'a pourtant jamais été aussi éclatant, d'une cruelle lucidité. Déchirant.

Cinephile-doux
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le 16 janv. 2017

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