Le nom de Pitchipoï, jusqu’alors mystérieux, apparaît à la page 85 d’un livre qui en compte cent quarante. Du point de vue de l’écriture, c’est sans doute ce qu’il y a de plus marquant dans ce récit autobiographique dont l’auteur, né en 1936 dans une famille juive, raconte comment il a survécu – raflé, enfermé, mais pas déporté – à la Deuxième Guerre mondiale.
Voyage à Pitchipoï me semble corroborer l’idée que les œuvres d’art traitant de certains sujets – la déportation en fait partie – exigent, pour sortir du lot, que leur auteur adopte je ne dis pas un point de vue particulier, mais une forme qui les distingue de l’impression individuelle. (De là, me semble-t-il, la réussite de Si c’est un homme, par exemple.)
Or, ici, l’enjeu nuit au jeu : Jean-Claude Moscovici raconte ce qu’il a vécu, le décalage entre le regard de l’enfant qu’il était et celui de l’adulte qu’il est devenu n’est pas inintéressant, certains passages sont tout à fait susceptibles de figurer dans des manuels d’histoire, mais pas dans une anthologie de littérature, fût-elle à destination des jeunes lecteurs. Il manque à Voyage à Pitchipoï un parti pris – je parle bien là de parti pris littéraire.

Alcofribas
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le 29 janv. 2020

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