Le roman de Soufiane Chakkouche s'intitule Zahra mais son héroïne éponyme n'est pas le seul personnage important du livre. Tout commence avec sa mère, Omaya, fillette d'un petit village marocain vendue pour devenir "bonne à tout faire" à Casablanca. Sa vie sera un enfer comme celle de sa fille, des années plus tard, laquelle ignorera longtemps l'existence de celle qui lui a donné la vie. Zahra est un double mélodrame, parfois sordide, mais la plume de Soufiane Chakkouche, par son style imagé et souvent picaresque, témoigne d'une vigueur qui éloigne toute tendance au misérabilisme. De nombreux protagonistes, admirablement dessinés, influent sur la vie de Zahra et d'Omaya et l'auteur réussit quelques scènes épiques dont les deux femmes ne sont pas partie prenante, comme celle d'une traversée en barque de la Méditerranée. Tout le livre et ses palpitantes péripéties est placé sous le signe du Mektoub, avec des destins dramatiques comme écrits et implacables. Mais en dépit de ses allures de tragédie, Zahra est un livre plein de vie, d'espoir et de combats contre la fatalité, avec de puissantes figures féminines, victimes mais jamais résignées. Au demeurant, cet indigne trafic de fillettes serait semble t-il en nette diminution au Maroc, encore heureux. Le roman de Soufiane Chakkouche est en tous cas l'un des romans parmi les plus vibrants et les plus passionnants de ce printemps. Puisse t-il rencontrer un succès plus que confidentiel ! Inch'Allah !

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le 10 avr. 2021

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