A la ligne est l'unique roman de Joseph Ponthus, disparu en 2021. Ce livre - écrit comme une cantate, sans ponctuation sur le rythme syncopé du « travail à la ligne » - est une plongée bouleversante dans le quotidien de la vie à l’usine, de la conserverie de poissons à l’abattoir, à travers le journal de l’auteur, ancien éducateur en banlieue parisienne devenu intérimaire dans l’agro-alimentaire. Il n’a pas trouvé de travail dans son secteur quand il a déménagé en Bretagne pour suivre sa femme. Entre la précarité absolue, l’épuisement des horaires ultra-flexibles, l’anonymat de la chaîne ouvrière, l’auteur se raccroche à des souvenirs de livres, de poèmes, et refuse la séparation du monde manuel et intellectuel par l'irruption de la littérature qui le sauve au cœur de l'usine.
Une lecture nécessaire, à compléter par celle du Journal d'un manoeuvre de Thierry Metz qui a tant marqué Ponthus :
Je voulais marcher, c’est tout. Sortir un instant de ces besognes qui
n’écoutent pas ce que nous sommes. Marcher, dériver… Lentement j’ai
suivi le soleil… Lentement… Qu’importe ce que j’ai trouvé. Du vent et
des ombres. Je passais.