On me dit dans l'oreillette que c'est un classique de la littérature SF ... ah ... ce qui ne veut pas forcément dire que c'est bon et/ou qu'on va adhérer et aimer. Et cette insupportable sensation de m'être fait flouer en découvrant une oeuvre considérée comme culte par la plèbe, doublée de la déception de réaliser qu'un livre encensé par une population dite "éclairée", dévoile une toute autre facette, déroutante pour ne pas dire absurde. Peut-être est-ce là, la démarche de l'auteur ... ce qui ne rend pas son oeuvre plus attrayante ni même plus éclairante pour autant...
Pour paraphraser Coluche, c'est l'histoire d'un mec qui, suite à son enlèvement par des extra-terrestres de la planète Tralfamadore, ne cesse de se téléporter dans le passé, ensuite le présent, puis le futur, à nouveau le présent, puis le passé et ainsi de suite, tel une balle de ping-pong. Non content de se téléporter, il contrôle rien le gars. Pire, William Pilgrim dit Billy ne semble pas très malin : quand il demande aux tralfamadoriens pourquoi lui, les petits bonshommes de l'espace lui répondent "c'est bien une question de terrien, il n'y a pas de pourquoi" et le Billy de se contenter d'avaler stoïquement la pilule. Non seulement, il l'avale mais ensuite, il se laisse balloter perpétuellement entre le passé, le présent et le futur de sa propre vie dont le fil se déroule pendant la seconde guerre mondiale jusqu'à la fin de son existence au milieu des années 70, découvrant ou revivant simplement des moments de sa vie. Il en est ainsi sur tout le livre, des pages entières des différents moments de la vie d'un individu lambda sans destinée et semble t-il, sans véritable réflexion sur ce qui lui arrive. Un des couacs de l'auteur qui nous laisse dans la perplexité la plus frustrante sans aucune réponse à la question qu'on se pose inévitablement : pourquoi.
Autre agacement récurrent qui vient enfoncer le clou tout au long de la lecture pour le moins ennuyeuse de cette "oeuvre", ces quatre petits mots : ainsi vont les choses. Une petite phrase qui conclut quasiment tous les paragraphes de ce foutu bouquin qu'on finit par avoir envie de balancer par la fenêtre. La première fois qu'on la lit, on se dit ok mais les fois suivantes, on en vient péniblement et, crescendo à grincer des dents (et à craindre pour ses quenottes). C'est bien là que le bât blesse : en filigrane, l'auteur semble nous exhorter à l'acceptation de ce que nous vivons, à la détestable résignation qu'ainsi vont les choses, qu'il n'y a rien à expliquer, rien à comprendre ... et finalement, rien à espérer. Autant dire que, pour votre serviteur, cette conclusion est tout simplement inacceptable.
Pourtant l'idée de départ semblait intéressante et son développement riche en potentialités. Malheureusement et concrètement, il s'avère consternant de vacuité : à aucun moment nous n'aurons de réponses, ni même une quelconque explication qui nous amènerait à comprendre la démarche des tralfamadoriens, ni pourquoi, à aucun moment, le protagoniste principal de cette obscure odyssée ne semble un tant soit peu se révolter contre sa condition du moment. Que ce soit en tant que prisonnier des allemands ou en tant qu'otage des extra-terrestres. Et s'il vient à l'idée de Billy de tenter d'informer les terriens de ce qu'il a découvert lors de ses incessantes téléportations (on ne meurt pas vraiment puisqu'on vit dans un autre moment de sa vie), cette piste n'est pas plus explorée, ni approfondie par l'auteur. A travers un style et une écriture déplaisants à lire, Kurt Vonnegut se fait complaisant et satisfait de son absence ... de recherche de sens. A la dernière page, nous ne sommes pas plus avancés qu'au début et n'avons pas eu, ne serait-ce que l'insigne plaisir de la distraction qu'aurait pu (au moins) nous procurer cet ouvrage.