Dans Anatomie d’une prédation, Cécile Ollivier et Alice Augustin signent un livre d’une force rare, un document glaçant sur les dérives du pouvoir et les blessures qu’il inflige. À travers une enquête solide et des témoignages bouleversants, elles révèlent comment un certain milieu a pu transformer l’abus en liberté et dissimuler la domination derrière de grands discours intellectuels.
Derrière l’image du psychanalyste brillant, on découvre un homme mû par le besoin de séduire, de contrôler, puis de rejeter. Les récits de ses victimes se répondent dans une mécanique implacable : la chasse, la capture, la blessure. Trois temps d’une violence répétée, où la parole masculine s’érige en loi et où la jeune fille devient proie. Ce livre ne se contente pas de raconter : il révèle, il accuse.
Je reste sidérée par le silence qui l’a entouré. Le mutisme des institutions, des pairs, des médias fascinés par le prestige de celui qu’ils encensaient. Comment tant d’intelligences ont-elles pu détourner le regard ? Comment une société peut-elle tolérer qu’au nom d’une pseudo-liberté, on détruise des vies ?
Anatomie d’une prédation interroge avec justesse la complaisance d’un milieu qui se pense éclairé, mais refuse de voir sa propre obscurité. C’est un livre nécessaire, douloureux, qui met à nu la violence feutrée du pouvoir et rappelle que le verbe peut aussi servir à asservir.
Je suis sortie de cette lecture secouée, en colère, mais reconnaissante envers ces femmes qui ont parlé et envers ces autrices qui ont écouté. Ce travail d’enquête d’une rigueur exemplaire redonne sens au mot courage.
Et s’il faut rappeler que l’homme au cœur de cette affaire bénéficie de la présomption d’innocence, il n’en demeure pas moins que ce livre soulève des questions cruciales sur le silence, la responsabilité et l’impunité.
À lire absolument parce que regarder en face, c’est déjà commencer à réparer.
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