L'auteur nous raconte l'histoire de son premier grand amour, Thomas. Il s'agit d'une relation qui l'a profondément marqué, une relation qui ne s'est pas réellement terminée. Alors quand, 23 ans plus tard il tombe né à né avec le fils de ce dernier, c'est un bouleversement total.


La première partie du roman est consacrée à l'histoire d'amour. C'est un amour clandestin et secret. Issue d'une famille très pratiquante, Thomas ne peut pas assumer son homosexualité alors il impose à l'auteur une distance, une froideur en public. Cette partie est pleine de nostalgie, mais d'une nostalgie sans tristesse. Il s'interroge sur les chemins possibles qu'aurait pu prendre cet amour et se permet quelques apartés pour nous livrer ses pensées actuelles. C'est extrêmement beau, les mots son choisis et l'amour nous est montré tel qu'il est, pure mais nécessaire. Il y a comme quelque chose de vital qui est vécu comme une urgence. Thomas pressent le destin de l'auteur et sait qu'il ne pourra pas l'avoir près de lui longtemps. On sent que Besson se livre avec émotion.


Les deux autres parties racontent deux rencontres avec le fils de Thomas. L'auteur est bouleversé par ces rencontres et nous avec. Il nous retranscrit bien la tristesse et l'émotion suscitées par les amours perdus. De plus, le destin de Thomas est assez sombre. Alors en filigrane on parle de l'acceptation de soi et de la difficulté parfois de vivre avec ses souvenirs.


C'est une histoire d'amour particulière, avec ses spécificités propres, mais il y a néanmoins quelque chose d'assez universel. Il y a les mots justes pour décrire le vide provoqué par l'absence et l'intensité des débuts de relations. Le texte est écrit dans une langue magnifique qu'on aimerait parfois lire à voix haute.


Ce qui m'a touché aussi ce sont les apartés que fait l'auteur pour parler de son travail d'écriture. On comprend que même s'il s'en est toujours défendu, ses romans sont inspirés de son vécu. Il décrit aussi à merveille la façon dont les souvenirs et les sensations nous reviennent.


C'est un roman intimiste et bouleversant qui me fait encore plus apprécier l'auteur qu'est Philippe Besson.

Anaïs_Alexandre
9

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs livres de 2017

Créée

le 29 mai 2017

Critique lue 679 fois

3 j'aime

Critique lue 679 fois

3

D'autres avis sur « Arrête avec tes mensonges » 

« Arrête avec tes mensonges » 
Lubrice
10

Critique de « Arrête avec tes mensonges »  par Brice B

Publié sur L'Homme qui lit : C’est avec une régulière impatience que j’attends les premiers jours de janvier, qui signent pour moi la parution éventuelle – et tellement espérée – d’un nouveau texte...

le 9 janv. 2017

24 j'aime

« Arrête avec tes mensonges » 
emmanazoe
10

« Parce que tu partiras et que nous resterons »

Ce livre est une torture pour qui, comme moi, aime recopier des passages marquants pour tenter de capturer à jamais les émotions qu’ils renferment. Qui m’a déjà vue lire sait que je prends souvent...

le 23 févr. 2020

20 j'aime

2

« Arrête avec tes mensonges » 
Nomenale
9

"Je découvre - pauvre imbécile - la morsure du sentiment amoureux"

Besson, c'est un peu comme avec cette amie de l'enfance - que j'ai perdue de vue, la faute à elle, la faute à moi, sans doute les deux, comme dans toutes les histoires d'amitié et d'amour - avec qui...

le 23 févr. 2017

19 j'aime

2

Du même critique

Pastorale américaine
Anaïs_Alexandre
9

Critique de Pastorale américaine par Anaïs Alexandre

L'histoire nous est racontée par Nathan Zuckerman. Il s'agit d'un narrateur récurrent des romans de Philip Roth, un écrivain solitaire et observateur de ses condisciples. Celui-ci retrouve Seymour...

le 13 mai 2018

9 j'aime

1

Va et poste une sentinelle
Anaïs_Alexandre
10

"Je t'ai tuée, Scout. Il le fallait !"

Comme beaucoup je garde un souvenir impérissable de ma lecture de Ne tirer pas sur l'oiseau moqueur. Le personnage de Scout fait partie de ceux qui m'accompagnent encore et se rappelle à moi...

le 19 oct. 2015

7 j'aime

Steak Machine
Anaïs_Alexandre
9

"Les abattoirs créent des handicapés."

Geoffrey Le Guilcher est journaliste indépendant et s'est intéressé aux abattoirs suite aux vidéos publiées par l'association L214. Face à ces actes de maltraitance animal, il s'est demandé qui...

le 7 févr. 2017

6 j'aime