Mémoires à demi-teinte... Dommage!

À chaque tragédie terroriste sur notre territoire, le visage de François Molins se trouvait invariablement sous les feux des projecteurs. En tant que voix de la justice française dans la lutte contre le terrorisme, il incarnait un pilier essentiel. Après une carrière exceptionnellement longue, François Molins a pris sa retraite en 2023, nous léguant ses mémoires qui offrent une plongée fascinante dans les méandres du système judiciaire français.

Il relate son parcours professionnel au sein de la magistrature, depuis ses débuts modestes, marqués par une erreur de chemin, jusqu'à son ascension remarquable sur la scène médiatique, exacerbée par une série d'attaques terroristes qui ont secoué notre nation et entraîné la perte de nombreuses vies innocentes. Ses mémoires dévoilent une perspective unique sur sa profession et une analyse percutante de notre système judiciaire.

François Molins évoque en détail chaque attentat, depuis Charlie Hebdo jusqu'à Montrouge et l'Hyper Cacher. Pourtant, il est troublant de constater qu'il omet de mentionner le policier Ahmed Merabet parmi les victimes de l'attaque contre Charlie Hebdo. Merabet, qui s'est courageusement dressé face aux frères Kouachi et a payé de sa vie, méritait une reconnaissance qui semble avoir été oubliée. Cette omission regrettable m'a poussé à relire attentivement les mémoires, à la recherche d'une quelconque mention de cet homme héroïque, en vain. Cet oubli est impardonnable selon moi.

Il évoque les tragédies de Nice, du 13 novembre avec les attaques aux terrasses et au Bataclan, ainsi que l'assassinat des deux policiers sous les yeux de leur fils, parmi bien d'autres événements malheureux.

Je suis consterné en découvrant l'attitude de certains médias, prêts à tout pour accroître leurs ventes ou leur audience... François Molins mentionne l'attentat de Nice, où Paris Match s'apprêtait à publier des photos des victimes ensanglantées, ainsi que France 2, qui diffusait la vidéo d'un homme prostré à côté de son épouse décédée.

Sur le plan politique, François Molins ne craint pas de se positionner en contre-pouvoir. Bien qu'ayant été sollicité pour occuper des postes tels que Garde des Sceaux ou ministre de l'Intérieur, il préférait rester en dehors des sphères politiques. Il aborde également les affaires politico-financières les plus retentissantes de notre histoire, notamment l'affaire Éric Dupont-Moretti, bien que parfois ses propos puissent être difficiles à saisir.

À travers ses mémoires, nous découvrons un procureur profondément attaché à ses valeurs, qu'elles soient familiales, religieuses ou éthiques. C'est un livre qui mérite d'être lu pour se forger sa propre opinion.