Critique de Shaynning
BD adulte de 2020, "Chinese Queer" est ce genre de Bd qui comporte une forte dimension philosophique existentielle, un côté de critique sociale et un graphisme assez particulier.Faire un résumé de...
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le 22 mai 2022
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Incontournable Roman Juin 2025
Mention Olibrius Roman Intermédiaire 2025
Je remercie la maison Planète Rebelle pour l'envoi de ce service de presse.
Oyé oyé, peuple jeunesse, j'ai officiellement trouvé mon "Olibrius" 2025 pour la catégorie des romans intermédiaire, juste après avoir dégoté celui de la BD adulte avec "Les canots de Satan"! Ces deux œuvres ont en commun d'être pas mal déjantées, comme je les aime, avec des personnages un peu démentiels, des aventures tellement "métal" qu'on se demande dans quel genre de Fantastique on est débarqué, sans compter l'humour québécois sucré à l'érable qui tient à la fois de l'hyperbole, du référentiel et de l'absurde assumé. Tous deux inspirés du folklore québécois, en plus, que demander de plus?
J'vous jure, c'est pour des cas comme ce roman que j'adore mon mon travail. Dans mon éternelle quête de romans passionnants, pertinents et novateurs pour faire rêver, réfléchir et actualiser le lectorat jeunesse, j'ai eu la chance de voir apparaitre sur nos tablettes la collection " Perdre le Nord", une toute jeune collection chapeautée par la maison Planète Rebelle, qui ose nous offrir - enfin! - une tribune pour le folklore québécois. À travers les récits inspirés des contes oraux des quatre coins de la province - et même au-delà - ces auteurs et autrices nous invitent à reconnecter avec nos racines, avec les histoires qui ont fait rêver, frémir ou rire des générations de québécois, terreneuviens, acadiens et canadiens de tous horizons. Avec ces romans se matérialisent des univers riches aussi drôles que magiques, où des personnages atypiques ont d'importantes leçons à nous enseigner sur l'humanité, le courage, la justice sociale et même la gentillesse. Après avoir suivi le bienveillant Sam dans sa Gaspésie fantastique peuplée de créatures étranges, Helen l'intrépide courant les forêts périlleuses de Terre-Neuve , me voici aux côtés de Jérôme Bérubé. Lui et ses douze printemps, en pleine transition entre l'enfance et l'adolescence, va connaitre un été rocambolesque dans une Côte-Nord surnaturelle où l'ennui n'est pas dans l'ordre du possible.
La région de la Côte-Nord, mes bons amis d'Outre-Atlantique, c'est immense et très peu peuplé. On y retrouve la magnifique Tadoussac, reconnue pour ses baleines qui viennent et vont dans le fjord du Saint-Laurent, en plus d'être la porte d'entrée des colons français, au temps jadis. Il y a d'autres villages et petites villes qui ne demandent qu'à se faire connaitre, particulièrement aux amoureux de la nature et des grands espaces. Et comme toutes les régions, forcément, la Côte-Nord a ses histoires, ses légendes et ses rumeurs mystérieuses.
Bon, trêve de longs préambule, comme dirait l'autre, "Kossé que ça mange en hiver s't'affaire là?" ( De quoi parle-t-on?):
Jérôme Bérubé ( l'auteur, si vous avez prêté attention à la couverture) est un jeune ado qui vient de compléter sa sixième année primaire, la dernière avant de faire une plongée anxiogène dans les méandres parfois inquiétantes d'une polyvalente. En effet, l'an prochain, c'est direction le secondaire, avec ses changements de classe constants, ses cours nombreux cours et ses propres codes sociaux. Disons que notre Jérôme ne se sent pas spécialement prêt à ce changement de milieu, mais heureusement pour lui, il y a deux longs mois bien chauds et pleins de promesses d'aventures pour s'y préparer. Et quels deux mois se seront!
Chaque chapitre est une histoire en elle-même, dont certaines font des rappels des suivantes. À la fin du roman, l'auteur apporte des précisions sur ses sources et inspirations, que je vais en partie vous partager après chaque résumé. Alors que notre ado s'apprête à profiter des rares mois chauds de sa région, l'inattendu et le surnaturel s'invitent dans son quotidien et le feront grandir autant qu'ils le feront murir. Les voici:
La première nuit de l'été:
Jérôme Bérubé vit son premier soir de vacances avec son meilleur ami Fred. Campant à la belle étoile, grillant bonbons et guimauves sur un feu de bois, en savourant la liberté retrouvée après une dernière année sur les bancs de l'école primaire, Jérôme se jure de surmonter ses peurs. Il ne sait pas encore qu'une foule d'évènements lui en donneront l'occasion.
Madame Mulligan:
Il y a une vieille dame habitant une maison ancestrale, dont les rumeurs engendrent de la méfiance à son endroit. Pourtant, Jérôme doit aller tondre le gazon de la propriété, ce qui nourrit chez lui une grande anxiété. Une fois le travail terminé, la vieille femme au regard perçant lui demande s'il connait des histoires qu'il pourrait lui raconter, en mangeant des biscuits. Face à une réponse négative, elle exige alors qu'il lui apporte un seau d'eau dans le puits percé à même le sol, sans protection autour. Et ce qui devait arriver arriva: Jérôme glisse dans l'abîme du trou profond et devient l'Alice aux pays des merveilles québécois qui doit survivre à un monde colonial pour le moins...déjanté.
Dans cette histoire, c'est l'aspect de répétition et l'absurdité de situation qu'on retrouve souvent dans les contes qui font le moteur du récit. Jérôme se retrouve dans son propre personnage, obligé de faire ce que les villageois lui demandent de faire: musicien, prêtre, médecin et...mort? On y retrouve quelque uns des métiers importants de l'époque également, soit celui qui soutient la culture et la santé mentale des habitants, celui qui les soignent et celui qui maintient l'ordre moral et social. Le conte lui-même est inspiré du conte-type 2412B, qui est un conte traditionnel irlandais : "Le garçon qui n'avait pas d'histoire". C'est en l'honneur de l'Irlande que madame Mulligan porte un nom irlandais.
Mâche-Mallow
Parmi les personnages colorés de cet univers, il y a Dents-rouges, un ado qui a récolté quatre fois le même prix de pêche, dont la récompense se traduit par un an de réglisse à la fraise gratuite. C'est à cet excès de sucre en tige qu'il doit la teinte continuellement écarlate de ses dents. Jérôme est bien décidé à lui ravir son titre ( et ses confiseries) en trouvant le légendaire poisson miraculeux nommé Mâche-Mallow, une entité aquatique monstrueuse et prétendument préhistorique aux écailles blanches, qui vit quelque part dans le Lac Malfait. Convaincu qu'avec ce poisson géant albinos il pourra gagner le concours et mettre fin à l'arnaque du "p'tit bum" du village, Jérôme s'engage sur le lac. Cela dit, ce qu'il va pêcher n'est pas exactement un poisson, mais une bouteille scellée, qui s'ouvre après l'avoir frottée trois fois...
Inspiré du conte-type 331, le conte "L'esprit de la bouteille" provient des "Mille et unes nuits", et il est bien sur assez connu. Le génie de la lampe ou de la bouteille offre trois vœux à celui ou celle qui le libère, mais celui que libère Jérôme est rendu malcommode après autant de temps prisonnier et promet de simplement détruire son maître. Jérôme, dans sa version, devra ruser pour éviter le courroux de son génie. Il choisi d'avoir Mâche-Mallow comme vœux, pour damner le pion à Dents-rouges et mettre fin à son stratagème, qui lui faisait continuellement gagner la plus grosse prise. Pour ceux qui se le demande, Dents-rouges se contentait de mettre sa grosse truite sur la glace afin de l'utiliser l'année d'après. Jérôme s'en est aperçu grâce aux photos de l'adolescent avec ladite truite.
Le loup-rignal:
Parmi les personnages antipathiques de cet univers se trouve Fendant, surnom qui vient du québécisme "être fendant", c'est-à-dire être pédant, arrogant ou encore prétentieux, ou la somme des trois. Petit nouveau dans le village, Fendant est la caricature du gars populaire qui se sait pourvu de nombreuses qualités, ce qui ne le rend pas sympathique pour autant. L'ado et sa bande de lèche-culs, tous plus "suiveux" que réels amis, se vantent de pouvoir conduire des véhicules sur roues et face à l'instance de cette bande de pogos pas très dégelés, Jérôme fait la gaffe de prétendre savoir conduire. On lui propose alors de le prouver ( ah les joies des blessures d’orgueil!) en se rendant chez le taxidermiste, qui vit en périphérie du village, pour lui voler une de ses créations. On retrouve Dents-rouges, sollicité pour l'aider à commettre le vol en échange d'un mois de réglisse rouge que Jérôme croyait - à torts - capable de conduire. Jérôme et lui, dotés de bases précaires en conduite automobile, s'engagent donc avec un vieux véhicule déglingué et rouillé, sur l'autoroute, afin se voler un porc-épic empaillé chez cet homme étrange qui s’ auto-proclame "Taqusidermisstre". Et qui, accessoirement, m'a fait saigner des yeux tant il y a de fautes dans ce mot (quelle horreur!). Bien sur, rien ne se passe comme l'avaient prévus les deux jeunes ados.
Le taxidermiste, auto nommé "Charogne", va revenir dans les autres histoires et vous aurez l'occasion de découvrir un être absolument répugnant et déviant qui est un véritable braconnier des routes. Le genre à écraser volontairement des animaux pour les "recycler". Je le trouve très original comme antagoniste, par contre! Mais en attendant, c'est surtout un loup géant qu'on aura l'opportunité de découvrir dans ce chapitre-ci. Ce loup totalement invraisemblable va même finir par fusionner temporairement avec un orignal, mais vous allez devoir lire ce roman pour savoir comment ( impossible que vous deviniez!). Deux contes servent d'inspiration pour ce chapitre, avec le conte-type 1142B "Comment le cheval paresseux à été guéri" et "Les aventures du baron de Münchhaussen". Quand au personnage de Charogne, le taxidermiste, il n'est tiré d'autant conte, mais l'auteur précise que sa clôture en os d'animaux est inspiré de celle composée d'os humains de la sorcière russe Baba Yaga.
Dans ce chapitre, Jérôme devra se surpasser en terme de courage et liera même une forme d'amitié naissante avec Dents-rouges, dont le courage et le pragmatisme méritent d'être soulignés. D'ailleurs, il y a donnée une leçon à Jérôme que je trouve très pertinente: Ça ne donne rien du tout de tenter d'impressionner des gens qui se sont convaincus d'être meilleurs que les autres. "Tu sais, Jérôme, dans la vie, il y a ce qui est vrai, pis il y a ce qui est cru. Pis ben souvent, le monde en a juste rien à faire de ce qui est vrai. Ils vont préférer ce qu'ils croient". Wow, sage le Dents-rouge! Pas pire pour un p'tit bum! Et Jérôme de préciser: "Pis Fendant, ce qu'il croyait, c'est qu'il était meilleur que tout le monde. Et ça, j'aurais jamais pu lui faire changer d'idée là-dessus". Des gens comme ça, il y en a malheureusement beaucoup, notamment ce clown narcissique qui se prend pour un président. J'aurais tendance à dire que les Fendant de ce monde, ils ont un gros défaut: Celui de ne pas accorder de valeur à autre chose qu'eux même. Et ça, ça ne fait pas des gens aux rapports sociaux très profonds, ni très porteurs.
Le Roi des chats:
Dans ce chapitre, il sera question d'un club vidéo posé sur un ancien cimetière, du chat le plus "laitte" ( vraiment laid) qui soit et d'Émilie, petite sœur de Jérôme, qui possède un niveau de choupinetterie stratosphérique. Grâce à cela, elle obtient tout ce qu'elle veut, en l’occurrence, ce fameux gros chat laitte qui trainait derrière le club vidéo. Jérôme connait un engouement pour les films d'horreur, mais il est de nature plutôt peureuse. Se faire un marathon de films d'épouvante alors même que le Club Vidéo est hanté au point de devoir lui faire des "sacrifices" de sucreries, c'est pas le meilleur des plans, donc.
Cette histoire de fantômes arrive au moment où je venais de lire "Le Club vidéo" de la maison Courte Échelle, ce qui est un drôle d'adonc. Une histoire de fantôme lui aussi, c'est dire comme c'est un hasard étrange... Inspiré du conte-type 113A: Le Roi des chats est mort, une légende lue à plusieurs reprises par l'auteur. Le "pouvoir" de la petite sœur de Jérôme me fait bien rire parce qu'il est assez commun: Pas facile de résister aux jolies petites bouilles des enfants, dommage pour eux que l'adolescence vienne le leur enlever.
Charogne:
Revoilà notre dégoutant braconnier des grandes routes asphaltées, cette fois bien campé dans le rôle d'un antagoniste. Dans ce chapitre, nous allons rencontrer Alexie, le cousin métalleux de Jérôme, avec son bandeau vert fluo autour du crâne, ses cheveux longs, son tatouage sur chaque phalanges qui forme le mot "Désastre" et sa guitare. "Galexie", de son surnom inspiré de son groupe de musique "Destruction stellaire", est deux fois plus âgé et parcours la province pour donner ses spectacles avec son groupe. Il est de passage et en profite pour faire un show à Baie-Comeau, suivi d'une nuit blanche à écouter de la musique métal avec son petit cousin. Les choses vont prendre une tournure dramatique quand, la voiture de Galexis connait des difficultés sur la route et qu'en voulant vérifier le moteur, Jérôme, forcé de tenir le capot, le lui lâche sur les doigts. Ils vont trouver de l'aide au seul bâtiment à la ronde pour recoudre les dix doigts tranchés de Galexis: L'Antre du taxidermiste. Et c'est là qu'on va pouvoir apprécier le côté malaisant de ce personnage pour le moins...créatif.
Ouf! Une chance que je ne collationnais pas à ce moment là, il m'a dégouté plus d'une fois ce personnage! Charogne a des ambitions pour le moins perturbantes. On découvre notamment son penchant pour l'hybridité, mais son ultime projet est le summum du scabreux. Je vous laisse lire le roman pour savoir de quoi il s'agit. Ensuite, nos deux cousins devront échapper à ce fou furieux, qui en plus, a raccommodé les doigts de Galexis dans le mauvais ordre. Heureusement, cette nouvelle organisation lui confère un pouvoir de guitariste insoupçonné, qui sera fort utile pour échapper à Charogne, qui a reconnu son voleur de porc-épique en la personne de Jérôme et qui compte bien le lui faire payer.
Le sac de vérité:
Les casse-croûtes du Québec offrent des patates frites, roteux, guedilles et autre malbouffe réconfortante sur les bords de route. Celle de Baie-Comeau appartient à un être formidablement radin nommé Groslot, un nom qui sonne presque comme un prix de consolation. Comme j'ai moi-même déjà vu, certaines cantines à fastfood ou restaurants bon marché propose un concours via une machine distributrice de gommes. Le principe est simple: Il faut tomber sur la seule gomme de couleur noire du distributeur pour gagner. Toutefois, comme Jérôme le constatera, ladite gomme de la machine de Monsieur Groslot reste étonnamment toujours par-dessus les autres gommes. Afin de contrer l'arnaque probable du Roi de la patate, Jérôme va accumuler assez de 25 sous pour vider la machine, mais même avec la précieuse gomme en mains, l'adolescent fera face à la mauvaise foi du corpulent commerçant. Intervient alors un personnage énigmatique à la réputation d'homme niai et lunatique: Mani. Et ce personnage aura l'occasion de donner une leçon à l'antipathique Séraphin de la restauration. Il y a aura une successions de scènes entrecoupées de défis d'esprit que notre personnage en apparence simplet va réussir grâce à ses astuces et sa gentillesse.
Mani me fait penser au personnage de Babine, héro récurent des histoires de Fred Pellerin, un conteur québécois connu. Les deux personnages sont intellectuellement limités - du moins est-ce l'image que les gens en ont - mais leur vision du monde a quelque chose de sage. Mani est des personnages que j'ai préféré. Il voit de la beauté partout, même dans les objets que d'autres qualifient de "déchets", il ne s'embarrasse pas de possessions matérielles et fait preuve d'une innocence touchante. En un sens, je dirais que Mani est heureux, ce qui est rare pour un personnage, et notre Roi des rondelles d'oignons aura l'occasion d'apprendre que le matériel, l’orgueil et les titres sont peu de choses, au final. J'ai trouvé très rusé de la part de Mani de payer "L"odeur des frites" à Monsieur Groslot avec "le son des clés" ( parce que oui, le Chef a exigé de se faire payer l'odeur de ses frites). Cette histoire est inspirée du conte-type 570.
Fred:
Fred est le meilleur ami de Jérôme, dont les chaussures de course le porte tel un Hermès aux quatre coins du village. Avec sa foulée légère et ses désirs d'escapades, Fred entraine Jérôme dans la forêt, où ils se sont élaboré une cabane dans les arbres comme repaire secret, qu'on atteint grâce à un tronc d'arbre posé sur la rivière. Toutefois, lors d'une tempête, le tronc d'arbre liant les deux rives disparait, alors même que Fred se rendait à leur cachette commune. Terriblement inquiet, Jérôme se fait dire par sa mère que les policiers allés vérifier les lieux n'ont trouvés que ses chaussures de course. La nuit, Fred vient lui rendre visite, mais Jérôme constate qu'il a ses chaussures aux pieds. Fred l'entraine dans la forêt, à l'endroit où se trouvait le tronc sur la rivière et lui demande de traverser avec lui. Sauf que Jérôme ne peut pas répéter ce que vient de faire Fred: Passer sur la rivière en passant au-dessus...Jérôme doit alors faire face à l'impensable.
Cette histoire est de loin la plus triste, mais c'est également l'une de mes préférées. On le devine alors que Jérôme voit son ami enjamber la rivière en flottant littéralement dessus: Fred a cessé de vivre, probablement noyé. Ça me rappelle la fin tragique dans "Le Pont de Térabithia". Par contre, la suite m'a tellement plue. En effet, madame Mulligan intervient et entraine les deux garçons dans une sorte de grotte remplie de chandelles, dont chacune représente la vie d'une personne. Fred doit faire face à son propre décès, face à sa chandelle éteinte, mais constate que son bougeoir contient encore de la cire liquide. Il décide alors de la partager, ajoutant de la cire sur la chandelle d'un enfant qui a besoin d'un coeur, puis d'une autre, puis d'une autre. Certaines vont s'allonger considérablement, d'autres à peine, mais peu importe, Fred veut en faire profiter les autres et c'est avec une allégresse presque contagieuse qu'il verse sa cire pour que d'autres vies poursuivent leur combustion. Jérôme, qui fait face à un cuisant sentiment d'injustice, a même proposer de prendre un peu de sa propre vie pour sauver celle de Fred, ce qui illustre sa grande générosité, mais aussi son amitié réelle pour Fred. Ce dernier va toutefois lui en confier une part de la sienne, ainsi qu'à ses proches. Je trouve cette scène si touchante, car nos proches nous habitent au delà-de la mort, et cette scène le met très bien en relief. Fred va réaliser une forme de rêve en allant courir dans le ciel, entre les étoiles, en confiant à Jérôme qu'il va l'attendre "de l'autre côté". C'est vraiment triste, mais en même temps, tellement beau.
Julie:
La dernière histoire se déroule vers la fin de cet été complètement fou-brac, alors que Jérôme est en pleins deuil de Fred. En allant avec sa famille dans un chalet loué, Jérôme va rencontrer sur la plage une jeune femme de son âge prénommée Julie. Jérôme va connaitre sont tout premier béguin pour cette fille aux cheveux sombres et aux yeux noirs, dont le sourire ravageur le fait fondre aussi facilement qu'une crème glacée au soleil. C'est également elle qui porte le collier avec un coquillage que porte Jérôme sur la couverture, puisque c'est elle qui la le lui donner. La jeune fille arrive comme un baume dans la vie de Jérôme, mais elle porte un secret qui va se solder par leur séparation.
Ça me fait toujours du bien de voir des relations saines, surtout en jeunesse, marquée par la confiance, le respect et le plaisir partagé. Certes, Julie a son secret, mais ce n'est rien de malsain. En fait, Julie est une selkie, une femme-phoque dont elle peut retirer sa peau de phoque pour prendre forme humain et interagir avec les humains. Le conte-type 4080 possède plusieurs versions issues de l'Irlande, en Écosse, dans les pays scandinaves et le Québec.
Donc, après ce formidable pot-pourris fantastique peuplées de créatures étranges et de personnages atypiques, notre héro se sent différent. Peut-être plus mûr, peut-être plus courageux? Qui sait? Une chose est sure, il se sent un peu plus près à affronter cinq années à venir à l'école secondaire. Il aura eu L'occasion d'apprendre à mieux connaitre ses limites, à mieux définir ses valeurs et tisser de nouvelles amitiés inspirantes. J'ai vraiment eu beaucoup de plaisir à suivre ce héro imparfait, gentil et empathique dans ses aventures presque impossibles à croire. mais comme dirait Dents-rouges: Les gens préfèrent ce qu'ils croient à ce qui est vrai". Et moi , je crois que ce roman est génial, pertinent et original, avec une incursion rare dans le monde folklorique que j'espère voir se renouveler.
Pour un lectorat intermédiaire à partir du 3e cycle primaire, 10-12 ans+
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Créée
le 27 juil. 2025
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