Charlotte Delbo, résistante française communiste, est déportée à Auschwitz-Birkeneau en 1943. Dans « Aucun de nous ne reviendra », elle raconte l’enfer concentrationnaire, l’horreur du travail forcé, la déshumanisation et le désespoir.
Le propos est servi par une écriture sublime, surtout dans le premier tiers du livre, qui alterne entre prose très expressive et poésie murmurante. Le style se veut très évocateur, Delbo n’insiste pas sur les descriptions, elle réussit à suggérer l’horreur par des images instantanées, des mises en perspective (et ce dès la première page, magnifique, sur les gares).
Elle brouille les pistes temporelles, pour mieux gommer les repères du lecteur, le plonger dans la vie quotidienne des camps, où tout se confond et où tous les jours ressemblent à la mort. Plusieurs fois dans le récit, rêve et realité de confondent, passé et présent se mêlent, notamment lorsque les cadavres de femmes blancs et raides alignées sur le sol poussiéreux rappellent à l’autrice le jour où, enfant, elle avait assisté à une livraison de mannequin à une boutique de vêtements.