Bakhita
7.7
Bakhita

livre de Véronique Olmi ()

J'ai cherché en vain cette étincelle d'espérance et d'humanité que beaucoup ont vu dans ce texte. Ma note reflète mon état d'esprit en fermant le livre : traumatisé et déprimé.


Après les insoutenables années d'esclavage, de tortures et de viols, j'espérais que Bakhita découvrit la liberté, le bonheur et l'insouciance.
Son entrée au couvent n'est pas liée à une révélation religieuse, mais est clairement le seul moyen à sa disposition pour s'évader de sa situation. Sa décision est compréhensible dans la mesure où son choix se limite entre ça et rester esclave d'une bourgeoise italienne pour toujours. À partir de là, le reste de sa vie au couvent apparaît monstrueusement décevant à tous points de vue :
- Elle reste malgré tout une domestique gratuite à vie. Son quotidien est fait de tâches ménagères non rémunérées. Elle obéit docilement à tous les ordres qui lui sont donnés, même à ceux qui lui déplaisent, sans autre contrepartie qu'une maigre pitance. En pratique, elle y reste car elle n'a pas les moyens de partir pour vivre sa vie. En fait, elle n'a même pas conscience des possibilités que la vie pourrait lui offrir en dehors de l'église. L'idée d'être aimée par un homme blanc est d'office considérée comme impensable.
- Pendant des décennies, sa couleur de peau effraie tous les gens qu'elle croise, la plupart des italiens n'ayant jamais vu un noir. Elle est traitée comme une bête curieuse en permanence.
- Son instruction par l'église semble extrêmement limitée. Elle reste donc profondément inculte et passe pour une simple d'esprit (à 60 ans, elle ne sait pas situer la Chine sur une carte du monde). Elle ne parlera jamais italien correctement et ne saura jamais écrire.
- Elle ne surmontera jamais le traumatisme de son enlèvement et de l'esclavage.
- Son image et son histoire seront utilisées comme un outil de propagande par l'église et par Mussolini.
- Elle souffrira de multiples maladies invalidantes pendant les trente dernières années de sa vie, apparemment sans de faire soigner.


Cette "histoire merveilleuse" se résume donc à des actes d'horreur inimaginables suivis d'une vie terne et austère ponctuée par la honte, la misère, le fascisme, la guerre, et la maladie. À tout cela s'ajoute un certain malaise quant au mélange entre roman et biographie. Pour chaque paragraphe, je ne peux m'empêcher de me poser la question de sa fidélité par rapport à la réalité.

Globule
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le 19 juil. 2018

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