Un roman court mais très dense qui plonge le lecteur dans la Chine de Mao pendant la Révolution Culturelle où les jeunes étudiants devaient être rééduqués par les paysans et étaient donc expédiés dans les campagnes et les montagnes les plus reculées pour y être soumis à un travail agraire de forçat.
Dans ce contexte brutal et politiquement hostile, deux jeunes amis, issus d'une classe précédemment aisée, survivent grâce à leur amitié et à leur intelligence, et à leur curiosité pour tout ce qui leur est désormais interdit. A commencer par les livres, surtout s'il s'agit de littérature étrangère, étant donné que seul le petit guide rouge de Mao est autorisé à des fins de propagande. Or, les deux compères découvrent dans les effets d'un tiers un roman de Balzac. Dans le même temps, les deux jeunes gens deviennent des conteurs cinématographiques dont la mission est de retranscrire à l'oral des films autorisés qu'on les envoie visionner loin du village où ils sont assignés à résidence. Au gré de leurs pérégrinations, leur route va croiser celle d'une belle jeune fille, tailleuse et couturière, qui symbolise à leurs yeux la vie, l'amour, l'espoir et le rêve. Une bonne raison pour eux de rester en vie.
Le roman, écrit par Dai Sijie, également cinéaste, a des accents de scénario et suggère une belle photographie. On apprend beaucoup sur cette période dure du communisme chinois même si la brièveté de l'oeuvre frustre par la parcimonie de ses détails. Les personnages sont attachants, la narration pas toujours aisée à suivre, se faisant en effet facilement onirique, en contraste total avec la réalité sale et nauséabonde du contexte social et politique.