-Eh, c'est quoi ton livre préféré?

-Bleu presque transparent.

-Connais pas. C'est de qui?

-Ryu Murakami.

... Connais pas. Ah quoique si, l'auteur japonais qui parle de sexe et de droge là?

-Oui, cest ça (soupir).

C'est usuellement ce type de conversation que je mène lorsque mon interlocuteur s'enquiert de mes gouts littéraires. De deux chose l'une, soit la personne en face de moi ne connais psas, ce qui me permet de passer pour une personne sophistiquée, disposant d'une culture littéraire étendue à peu de frais. Effectivement citer un auteur paumé a

Soit la personne en face connait Ryu et je passe tout de suite das la catégorie des gens dit bizarre. Car, il y a de bonne chance que R.Murakami soit parvenu à ses oreille en tant que "Auteur japonais malsain ayant une obsession certaine pour la drogue et le sexe".


Alors que Ryu Murakami, c'est tellement plus que ça. Oui, Murakami est rédiger des romans sans héroines, quelle soit liquide ou bien en chair, en os, et sans vêtements. On peut citer l'excellent 1969, qui est le récit de la vie du lycéen Murakami. Un perle acide, qui retranscrit fidèlement les premiers émois du Murakami adolescent, finalement bien innocent.


Bleu presque transparent est le récit de la vie du Murakami étudiant et de ses amis. Une vie sans but, sinon trouver une seringue, ou une chatte dans laquelle se fourrer. C'est surtout une subtile peinture du désespoir du narrateur et de ses amis. Car, Murakami ne tombe ni dans la complaisance, ni dans le pathétique. Il aurait été malaisé de répéter la geste romantique visant à admirer la décadence de beaux jeunes hommes et de belles jeunes femmes. Il aurait été malaisé de livrer un énième récit sur "la drogue qui perverti une jeunesse assoiffée de sexe"

Ici, Murakami se contente de tracer un portrait sur le vif de chacun des membres de son groupe. Car, derrière le sexe et la drogue, il y a le profond désespoir du narrateur. Car Ryu parvient à nous faire toucher du bout des doigts que le narrateur est avant tout paumé. Car le sexe et la drogue sont surtout des moyens pour Ryu d'échapper à la vacuité de son existence. La décadence expérimenté par Ryu n'est ni joyeuse ni atroce. Elle est surtout mélancolique. Les longues descriptions des injections suivant les pénétrations ne sont pas là pour choquer le bourgeois. Elles ne sont que le témoignage de la volonté d'échapper à la monotonie de la vie quotidienne. Murakami nous apporte un témoignage de son hédonisme triste dans lequel duquel il saura s’arracher.


Et le tout avec un style touchant au sublime.


Sublime, car à 24 ans Murakami dispose déjà son style qu'il développera pour le bonheur de ses lecteurs. Être un écrivain de talent, c'est avant tout être reconnaissable au premier coup d’œil. Et ici, Ryu se distingue particulièrement. Sa grande force c'est la gestion du bordel. Car, la signature du japonais, ce sont ses longues digressions poétiques, en apparence désordonnées. Il suffit de se laisser porter, sans vraiment chercher à comprendre. En lisant sa prose l'impression d'écouter un mec aussi brillant que bourré prédomine. Murakami ne fait pas parler ses personnages avec de longs discours argumenté et structurés et par conséquent supra chiant. Car Murakami ne fait pas dans l'intellectuel. Son but est de frapper le lecteur au coeur, quitte à le choquer, pour faire ressortir à la fois ce qu'il y a de plus noir et de plus magnifique.


E t ça c'est beau.



SallyC
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le 13 janv. 2024

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