le livre avec...

Vu la quatrième de couverture, je m’attendais à tout autre chose.

Le démarrage traîne, les personnages sonnent caricaturaux, et si les flics sont crédibles dans l’allure, ils s’assoient sur les procédures sans que cela semble provoquer le moindre dilemme moral. Le personnage féminin, lui, paraît réagir uniquement à coups d’hormones (un petit travail de déconstruction du côté de l’auteur ne ferait pas de mal…). L’insurrection en toile de fond ? Étonnamment tiède.

Bref, le récit est bancal sur bien des aspects. Et le plus dérangeant, c’est que l’auteur est pourtant légitime : flic lui-même, passé par la BRI puis les Mineurs. Si de cette expérience il tire des personnages aussi peu intéressants, aussi pauvres en intelligence émotionnelle ; voire en intelligence tout court ; cela ne fait que conforter les pires idées que certains se font de notre police.

Quant à la fracture sociale, qui sert de décor au-delà du complotisme : rien, pas un mot. Par incompréhension, peut-être ? Ce que j’en retiens surtout, c’est que le groupe décrit ici est dangereusement borderline ; non par volonté, mais par manque d’éthique, aggravé par une hiérarchie tout aussi défaillante, pour qui la santé mentale des troupes ne semble pas être un sujet.

Au final, ce roman illustre involontairement pourquoi il y a des bavures, et pourquoi elles sont étouffées plutôt que traitées. Je doute que ce soit l’intention de l’auteur, mais le fait est là : les lignes entre les lignes sont plus intéressantes que le roman lui-même, et elles dressent un portrait de la police assez peu flatteur.

Que le livre ait remporté le prix des Orfèvres (remis par la profession) n’est finalement ni surprenant… ni rassurant.