Au premier épisode, j’ai commencé par trouver ça un peu kitsch ; un mélange de cape, de poussière et de dialogues un peu appuyés ; mais rapidement, la série finit par prendre. Et même plutôt bien.
D’abord parce que le casting est excellent. Pio Marmaï s’en sort à merveille en assassin cynique, fatigué du monde et de ses propres démons. Il assure aussi dans les scènes de combat, très bien réalisées, nerveuses, crédibles et franchement sanglantes (disons 16 ans minimum, à vue de nez).
Le reste du casting n’est pas en reste :
Alice Isaaz, juste et habitée,
Camille Razat, dans un rôle très physique qui casse son image habituelle,
Olivier Gourmet, égal à lui-même, bourru et fascinant,
Louis-Do de Lencquesaing, parfait en pragmatique tordu,
Yann Gael et Quentin d’Hainaut, qui apportent chacun une vraie présence, l’un par sa gravité, l’autre par un magnétisme un peu inquiétant.
Bref, une petite bande d’acteurs français adroitement réunis, sans surjeu ni cabotinage inutile.
L’histoire, elle, s’installe dans un sud de la France revisité, écrasé de soleil et de sécheresse. Ici, la foi sert autant de refuge que d’arme. La population, en manque d’eau et d’espérance, voit dans la sécheresse une punition divine. Alors, quand la rumeur circule que le dernier descendant du Diable rôde dans les parages, tout s’emballe : certains veulent le tuer, d’autres y voient l’occasion de sauver leur peau, ou de tirer profit du chaos. Mais bien sûr, les apparences sont trompeuses, et Néro s’amuse à brouiller les lignes entre le bien, le mal, la foi et la folie.
Le scénario est parfois un peu bancal, il faut le dire : certaines transitions sont abruptes, quelques dialogues sonnent étrangement modernes, et la narration prend parfois son temps là où elle devrait accélérer. Mais on lui pardonne volontiers. D’abord parce qu’il fait plaisir de voir une série française qui ose s’aventurer sur un terrain médiéval-fantastique, genre longtemps laissé aux anglo-saxons. Et ensuite, parce que malgré ses imperfections, Néro garde une vraie ambition visuelle et une sincérité de ton.
La mise en scène signée Allan Mauduit (Rebelles) et Ludovic Colbeau-Justin (habitué des polars et des films d’action) donne du relief à l’ensemble : des plans souvent inspirés, quelques beaux effets de lumière, un usage de filtres qui installe une ambiance brûlante, presque suffocante. Et surtout, des combats chorégraphiés avec précision, sans excès d’effets numériques.
Alors oui, tout n’est pas parfait ; mais pour une série française qui tente un genre rare, Néro mérite largement le coup d’œil. C’est imparfait, parfois maladroit, mais vivant, ambitieux et porté par un vrai souffle. Et rien que pour ça, on a envie de voir si la suite confirmera l’essai.