SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

Néro
5.8
Néro

Série Netflix (2025)

Voir la série

Au premier épisode, j’ai commencé par trouver ça un peu kitsch ; un mélange de cape, de poussière et de dialogues un peu appuyés ; mais rapidement, la série finit par prendre. Et même plutôt bien.

D’abord parce que le casting est excellent. Pio Marmaï s’en sort à merveille en assassin cynique, fatigué du monde et de ses propres démons. Il assure aussi dans les scènes de combat, très bien réalisées, nerveuses, crédibles et franchement sanglantes (disons 16 ans minimum, à vue de nez).

Le reste du casting n’est pas en reste :

Alice Isaaz, juste et habitée,

Camille Razat, dans un rôle très physique qui casse son image habituelle,

Olivier Gourmet, égal à lui-même, bourru et fascinant,

Louis-Do de Lencquesaing, parfait en pragmatique tordu,

Yann Gael et Quentin d’Hainaut, qui apportent chacun une vraie présence, l’un par sa gravité, l’autre par un magnétisme un peu inquiétant.

Bref, une petite bande d’acteurs français adroitement réunis, sans surjeu ni cabotinage inutile.

L’histoire, elle, s’installe dans un sud de la France revisité, écrasé de soleil et de sécheresse. Ici, la foi sert autant de refuge que d’arme. La population, en manque d’eau et d’espérance, voit dans la sécheresse une punition divine. Alors, quand la rumeur circule que le dernier descendant du Diable rôde dans les parages, tout s’emballe : certains veulent le tuer, d’autres y voient l’occasion de sauver leur peau, ou de tirer profit du chaos. Mais bien sûr, les apparences sont trompeuses, et Néro s’amuse à brouiller les lignes entre le bien, le mal, la foi et la folie.

Le scénario est parfois un peu bancal, il faut le dire : certaines transitions sont abruptes, quelques dialogues sonnent étrangement modernes, et la narration prend parfois son temps là où elle devrait accélérer. Mais on lui pardonne volontiers. D’abord parce qu’il fait plaisir de voir une série française qui ose s’aventurer sur un terrain médiéval-fantastique, genre longtemps laissé aux anglo-saxons. Et ensuite, parce que malgré ses imperfections, Néro garde une vraie ambition visuelle et une sincérité de ton.

La mise en scène signée Allan Mauduit (Rebelles) et Ludovic Colbeau-Justin (habitué des polars et des films d’action) donne du relief à l’ensemble : des plans souvent inspirés, quelques beaux effets de lumière, un usage de filtres qui installe une ambiance brûlante, presque suffocante. Et surtout, des combats chorégraphiés avec précision, sans excès d’effets numériques.

Alors oui, tout n’est pas parfait ; mais pour une série française qui tente un genre rare, Néro mérite largement le coup d’œil. C’est imparfait, parfois maladroit, mais vivant, ambitieux et porté par un vrai souffle. Et rien que pour ça, on a envie de voir si la suite confirmera l’essai.

Kerven
7
Écrit par

Créée

le 12 oct. 2025

Critique lue 1.1K fois

Kerven

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

15

D'autres avis sur Néro

Néro

Néro

le 14 oct. 2025

Oulak

Avec mes potes on a un mot pour ce genre de truc : oulak. Genre tu joues à un jeu vidéo, aux échecs, au ping-pong... peu importe. T'es à deux doigts de gagner et tu perds. Mon pote va te regarder...

Néro

Néro

le 11 oct. 2025

Critique de Néro par Genifair

On nous présente ici une épopée qui feint de nous conduire dans les entrailles fuligineuses d'un Moyen Age austère, mais qui n'en effleure jamais véritablement le sol. C'est une plongée où l'on ne...

Néro

Néro

le 10 oct. 2025

Rosemary's baby

Bon allez, dans cet océan de fonds verts et d'effets numériques mal ficelés, découvrir Néro et ses superbes costumes, son ambiance un peu crasseuse et léonesque, avec en prime les décors naturels du...

Du même critique

Hellbound

Hellbound

le 20 nov. 2021

Métaphysique coréenne

"Dernier train pour Busan" n'était pas exceptionnel mais tenait la route, avec une réalisation à la hauteur. Cette fois Yeon Sang-Ho s'affranchit totalement des codes habituels. Et si la réalisation...

Néro

Néro

le 12 oct. 2025

Une saison 2 sera bienvenue

Au premier épisode, j’ai commencé par trouver ça un peu kitsch ; un mélange de cape, de poussière et de dialogues un peu appuyés ; mais rapidement, la série finit par prendre. Et même plutôt...

Mosul

Mosul

le 1 déc. 2020

Un film de guerre pas comme les autres...

Mosul est un film qui ressemble à d'autres du genre, mais pas tout à fait... D'abord la ville de Mosul et l'Irak, toujours filmés par des réalisateurs américains ou canadiens ; de fait, une version...