C’est ainsi que les hommes vivent, la grande fresque historique à échelle humaine, de Pierre Pelot

Tout d’abord, la présente chronique a été difficile à rédiger, tant le présent livre est riche et complexe.


« C’est ainsi que les hommes vivent » est un roman-fleuve (un peu moins de 1200 pages) de Pierre Pelot. La première publication date de 2003 chez les éditions DENOEL.


Il a fait l’objet d’une édition en poche (Chez les éditions Le Livre de Poche) en 2006 et devrait être réédité, cette année, aux éditions Presse de la cité.


Concernant Pierre Pelot, c’est un auteur vosgien qui peut être qualifié de prolifique. Il a écrit environ 200 livres. Il est passé par tous les genres, anticipation, science-fiction, fantastique, western, littérature plus classique.


C’est un auteur qui a une vision assez pessimiste de l’être humain. Il vit, un peu isolé, dans ses Vosges natales, ce n’est peut être pas pour rien.


Si vous souhaitez en savoir plus sur lui, vous pouvez faire un tour dans sa tanière, qui n’est plus tenue, mais qui donne un avant-goût du monsieur et aussi vous procurer le numéro 81 de Bifrost, qui lui est consacré et offre un dossier passionnant sur l’auteur.


C’est aussi un amoureux de la nature et de la liberté. Tout cela se retrouve dans « c’est ainsi que les hommes vivent ».


« C’est ainsi que les hommes vivent » comporte en réalité deux histoires, qui se font échos. La première, la principale, la plus dure et la plus fournie, retrace la vie de Dolat.


L’action se déroule en Lorraine en décembre 1599, le XVIIe siècle pointe le bout de son nez et le petit Dolat aussi. Il est le fils d’une prétendue sorcière qui l’a mis au monde juste avant de passer sur le bûcher.


À sa naissance, il est recueilli par Apolline, une fille de haut rang qui vit chez les religieuses, une chanoinesse, à Remiremont. Elle devient sa marraine et à partir de cet instant leurs destins seront intimement liés.


Protégé, recueilli, Dolat va découvrir au fil de sa vie, car oui l’auteur s’attarde sur toute sa vie de sa naissance à l’âge adulte en passant par l’enfance, la dureté du siècle dans lequel il vit. Les prémices de la guerre de 30 ans se font sentir.


Mais au-delà des difficultés de son temps, il va rencontrer les Hommes et devoir les affronter et composer avec eux. Lui aussi en est un, avec tous ses travers. Sa naissance particulière et son parcours ne l’aident pas.


En parallèle, en 1999, à l’aube de l’an 2000, le lecteur suit Lazare Grosdemange (c’est le nom de l’auteur, tout ressemble avec ce dernier est fortuite), un reporter victime d’une crise cardiaque et d’un “trou” de mémoire frappant les jours qui ont précédé l’accident.


Il mène son enquête pour retrouver sa mémoire et son parcours va l’amener à croiser les vestiges du passé des personnages de Remiremont au XVIIe. Il se rend compte peu à peu qu’il enquêtait sur quelque chose, un quelque chose qui agite les gens du coin.


Le livre débute avec le procès en sorcellerie de la mère de Dolat, avec une scène d’interrogatoire inquisitorial (pour ne pas dire de torture) assez percutante, d’une justesse et d’une rudesse à faire froid dans le dos, mais tellement immersive. Une vrai prouesse.


Puis l’accouchement, la scène de la naissance de Dolat est tout aussi puissante.


Les premières pages plongent tout de suite le lecteur dans l’ambiance. Le style est proprement excellent. Le passé reflux à travers les pages avec un vocabulaire particulier qui mêle habilement vieux français et patois vosgiens. Le tout permet une immersion totale.


Il y a un glossaire en fin de page (sans renvoi), mais honnêtement vous attendez pas à y faire des allés retours sans cesse, car le contexte permet de comprendre beaucoup de mots, la lecture est fluide.


J’ai rarement lu un livre aussi réaliste et immersif historiquement, le travail de recherche à du être prodigieux.


Les descriptions de l’auteur sont vraiment percutantes, organiques. Lorsqu’il décrit les corps, les fluides et le vivant il y a va de façon frontale. Il ne faut pas être trop sensible, c’est souvent assez cru.


Les sentiments des personnages sont, eux aussi, retranscrits avec justesse. Les premiers amours, la colère, la haine, la bonté… Tout se mêle dans un maelstrom de sentiments humains contradictoires.


Cette connaissance de l’Homme en fait vraiment un des points forts du livre.


La structure du livre permet aux deux histoires de s’intercaler, les deux personnages, Dolat et Lazare, sont perdus dans les affres de leur époque. Le premier fuit son passé, le second le poursuit.


La lecture alterne les chapitres longs (la vie de Dolat) et les chapitres courts (Lazare). Elle est assez sombre, le récit est noir. Heureusement, avec parcimonie, l’auteur vient nous repêcher avec des moments simples de bonheur et de tendresse.


L’action monte crescendo, avec la guerre, qui au début n’est qu’une rumeur, puis qui s’immisce peu à peu, par vagues, là aussi la tension est bien amenée. Pour un final magistral, point d’orgue de la guerre avec ses massacres et ses atrocités.


Il m’est quasiment impossible de trouver des défauts à ce livre et ça serait totalement injuste. Avoir écrit une telle fresque force le respect.


Je pense que Dolat, Lazare, Appoline et les autres vont occuper mon esprit pendant un moment.


Le pavé peut faire peur, il est facile de se dire, je n’ai pas le temps. Mais honnêtement, il vaut tellement le détour.


Bonne lecture.


Je vous invite à venir lire la chronique sur mon Blog

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le 15 févr. 2017

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