Critique de "Catéchisme Révolutionnaire"

Résumé

Un petit livre intéressant mais qui ne développe pas suffisamment ses propos et qui ne définit pas certains principes assez importants, notamment celui de "liberté".

Détails

Dans ce court écrit, Mikhail Bakounine propose, avec une vision assez large et souvent limitée, ce que serait la société qu'il souhaite voire advenir. Le concept de liberté y est central, mais malheureusement, il n'est pas défini de manière solide, ce qui ne permet vraiment de comprendre tout ce que l'auteur entend par là. De même que cela entrave le débat tant il est difficile de voir en quoi consisterait précisément cette société libertaire.

En ce qui concerne la question du travail, le penseur russe parait se contredire, affirmant ici que la fainéantise est admise, mais ailleurs que l'oisif sera mis de côté par la société qu'il dessine. Il semble y avoir une tolérance pour laisser vivre les non-travailleurs mais pas au point de les inclure dans la vie de la Cité. De plus, le travail est ici valorisé et opposé à la vie de parasite des rentiers. Le contexte historique et la différence entre travail et emploi sont donc deux choses très importantes pour y voir un peu plus de cohérence.

D'autres défauts sont tout de même perceptibles, notamment dans les propos sur l'organisation sociale, dont on peine à comprendre ce qui se cache derrière le terme de "société". Car s'il est louable de ne pas faire des parents les uniques responsables de l'éducation des plus jeunes, que signifie concrètement que la société agirait comme autorité de tutelle en cas de défaillance parentale ?

Par ailleurs, le propos sur système politique et sa stratification déconcentrée n'est pas assez développé pour que l'on comprenne réellement et dans le détail ce que cette société pourrait produire sur le plan politique. La place de l'égalité et de la démocratie laissent à penser que certains conflits pourraient se régler par le vote, mais rien n'est moins sûr. D'autres questionnements surgissent au sujet de l'acceptation revendiquée des individus "immoraux". Est-ce une simple remarque anticlérical à mettre en lien avec les passages sur le mariage et sa remise en question ? Ou bien un énième rappel à cette volonté de liberté absolue dont on peine parfois à comprendre les raisons d'y voir une amélioration pour la condition de toutes et tous.

Cela étant, Mikhail Bakounine pose d'intéressantes premières pierres, dont certaines sont très pertinentes, notamment pour l'époque. Je pense ici à la place que semble accorder l'auteur à une stricte égalité entre les femmes et les hommes. Enfin, d'autres propositions, bien que plus répandues à l'époque j'imagine, sont toujours aussi pertinentes de nos jours : qu'il s'agisse de l'abolition de l'héritage et de tous les privilèges qui résultent des inégalités au niveau des différents capitaux.

6.5/10