Tout commence avec un échange épistolaire de longue durée, chose jusque là inédite dans l'univers de Lovecraft, lui qui préfère d'ordinaire un dialogue à sens unique avec le lecteur. Ici donc, un échange entre deux hommes, mais surtout une tension grimpante et étouffante, attisée par l'apparition confirmée d'entités surnaturelles infâmes se terrant dans le creux des ténèbres.
Avançant à tâtons, observant avec une curiosité morbide notre société, elles semblent pourtant devenir de plus en plus violentes dans leur actions, pénétrant notre intimité, enlevant des personnes, sans que jamais nous ne sachions ce qu'elles sont devenues.
Avec une poésie bienvenue, Lovecraft explore la peur enfantine qu'est celle des ténèbres, pour en sortir les monstres qui y attendaient depuis des lustres. Mais cette découverte est, une nouvelle fois, une véritable boîte de Pandore pour l'esprit humain, dont on aurait préféré conserver les cloisonnements. La paranoïa s'installe progressivement dans le récit, jusqu'à un final insoutenable, ou l'entièreté du panthéon Lovecraftien s'invite discrètement au passage, délivrant des réponses que l'on aurait préféré garder sous scellée