Louise, c'est le rôle d'une femme qui passe sa vie à s'oublier pour s'occuper des autres, à aimer les enfants des autres. Mais ces enfants grandissent, autant que l'angoisse de ne plus être nécessaire. Louise, l'employée, la personne dévouée, la perle rare, n'a finalement jamais été aimée pour elle-même, et ne sait probablement pas ce que c'est qu'aimer. Ce désamour de soi finit par engendrer la haine des autres, quels qu'ils soient.
Louise, c'est le rôle d'une suppléante, jamais personnage principal. Elle n'est pas digne d'une tragédie grecque, elle qui ne saura même pas mourir, incapable de se sauver jusque dans les moments les plus sombres de son existence.
Ce roman, c'est l'unique représentation de la vie de Louise, interprétée par Nina Dorval, au cours de ces deux mois et demi d'enquête. Elle qui "a plongé [ses] mains dans l'âme pourrissante de Louise", qui a voulu tout savoir de cette nounou infanticide. Tout savoir pour comprendre l'horreur, pour appréhender ce qui mènera Louise à tuer ceux qu'elle appelle ses enfants.
Demain, elle entrera dans l'immeuble de la rue d'Hauteville devant lequel fanent encore quelques bouquets de fleurs et des dessins d'enfants. Elle contournera les bougies et prendra l'ascenceur. L'appartment [...] sera la scène de ce théâtre sordide. Nina Dorval frappera les trois coups. Là, elle se laissera engloutir dans une vague de dégoût dans la détestation de tout [...]. Elle sera Louise [...].