Certaines personnes, parfois, vous imposent des lectures. Exigent que vous lisiez certains livres. Vous reprochent de ne pas l’avoir fait. En temps normal, et par esprit de contradiction, je ne les lirais bien évidemment pas. Mais là il s’agit de Christine, alors, forcément, je me lance, j’achète le livre, je le pose sur l’étagère à côté du lit, je le regarde longuement dans le blanc de la couverture et je finis par me lancer un matin, de retour d’une grande messe de la librairie pendant laquelle j’ai surtout profité du vin et du soleil. Heureusement, d’ailleurs, que j’avais fait le plein de soleil avant de commencer, parce que « Nacht und Nebel » ne sont pas des termes que l’on rapproche d’une lecture extatique et heureuse.

La Seconde Guerre Mondiale est habituellement une période sur laquelle je lis peu de romans et aucun essai. Une culpabilité sourde, probablement, un espèce de mélange de « qu’aurai-je fait » et de « me plaindre de ma vie alors que je ne suis pas dans un camp de concentration ». Toutefois, je crois, j’ose espérer même, que j’aurais pu être une espèce de Charlotte, une chieuse attachée à la vie et dont elle ne s’en va pas parce que le caractère, ça attache. Sa vie est impressionnante parce que dominée par cette volonté à laquelle on ne peut qu’aspirer, cette pugnacité qui fait qu’on tient à travers tout, la mort du mari, l’Occupation, les camps, le retour, le cancer …

Ce n’est pas une lecture joyeuse, ce n’est pas une lecture heureuse, mais c’est une lecture très nécessaire, une biographie qui se lit comme un roman, sauf que ce roman est fait de réalité et que, quand on le referme, on a la boule au ventre et les larmes aux yeux.
Ninaintherain
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le 12 juin 2013

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