La voiture tueuse : mythe surnaturel ou dangereuse prédiction ?

Né de la plume de Stephen King, le roman Christine paraît le 29 avril 1983 aux États-Unis et le 31 janvier 1984 en France.


L'intrigue prend place en 1978 à Libertyville, banlieue fictive de Pittsburg, en Pennsylvanie. Elle y narre la rencontre entre Arnie Cunningham, jeune adolescent acnéique souffre--douleur de son lycée, et une Plymouth Fury 1958 baptisée Christine. L'histoire est racontée 4 ans plus tard par Dennis Guilder, meilleur ami d'Arnie.


Le roman se base sur la thématique de la possession démoniaque, tout en abordant parallèlement d'autres sujets : la dépendance de l'homme à sa voiture à travers le statut social et le paraître, les relations familiales conflictuelles vectrices d'instabilité et de vulnérabilité, le harcèlement scolaire et ses conséquences, ou encore les impossibles triangles amoureux.


Doté d'un fond intéressant, le livre est également saisissant par son ambiance, sujette à l'angoisse et au mystère. Jusqu'où cette terrible voiture peut-elle aller ? D'où tire-t-elle son sinistre pouvoir ? Et c'est peut-être sur ce second point que l'intrigue pêche quelque peu, en restant quasi exclusivement tournée vers Roland Lebay (l'ancien propriétaire de Christine) mais sans se pencher plus en arrière. Certes, Lebay a laissé son âme dans cette voiture, mais l'entité maléfique qui habite celle-ci a forcément une origine plus lointaine. Pourquoi ne pas creuser cette piste ?


Venons-en maintenant au roman dans sa forme.


Comme je l'ai dit dans la partie introductive de ma critique, l'œuvre est narrée à la 1e personne par Dennis Guilder. Si ce choix se révèle en partie intéressant en prenant une certaine distance avec Arnie et Christine, il se heurte à un problème de taille : son INTERRUPTION CONSÉQUENTE. Envoyé à l'hôpital de longs mois, Dennis disparaît longuement du scénario, pour ne revenir que dans son dernier tiers. Sa narration à la 1e personne disparaît donc simultanément pour ne réapparaître que tardivement. Si je peux entendre que les chapitres où le personnage n'est pas présent soient narrés à la 3e personne, l'absence prolongée du personnage entraîne une cassure dans le rythme de la narration. Ce constat est regrettable, dans la mesure où le livre se lit bien, sans tomber dans les longueurs.


Penchons-nous maintenant sur la fin du roman.


Tout d'abord le final de 1978, où Dennis et Leigh vont livrer un terrible affrontement face à la Bête motorisée. Si celui-ci tient toutes ses promesses, un personnage s'illustre par son absence : Arnie. Pourtant PERSONNAGE PRINCIPAL de l'œuvre, Arnie est tout simplement évincé de l'affrontement final, pour être simplement déclaré MORT. Pourquoi développer autant un personnage pour l'écarter purement et simplement de la scène finale ?


Bien que peut-être trop rapproché temporellement (4 ans semblent peu, sachant que Dennis et Leigh sont restés ensemble 2 ans, et que cette dernière est aujourd'hui mariée et mère de 2 enfants) du cœur du roman, l'épilogue se révèle néanmoins intéressant, en ne tombant pas dans la facile happy-end et en laissant une porte ouverte...


En conclusion, Christine est un roman accrocheur, tant par son scénario, son ambiance et les thématiques abordées. L'autonomie des voitures étant aujourd'hui de plus en plus poussée, le mythe de la voiture tueuse n'a pas fini d'alimenter nos cauchemars les plus terrifiants... Deviendront-ils un jour réalité ?


Mais bien qu'il demeure accrocheur, Christine atteint ses limites par le manque de développement de certains axes scénaristiques (le plus perceptible est sans hésiter l'origine de l'entité maléfique) et surtout par sa narration décousue et la fin bâclée de son personnage principal.


On passe tout de même un très bon moment de détente et d'évasion.





Sir_Stifler
7
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le 30 juil. 2025

Critique lue 4 fois

Sir_Stifler

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