Marche à l'ombre

Le concept de Bordage sur Chroniques des Ombres est séduisant : Décrire un monde post-apocalyptique a travers deux orientations opposées mais co-existantes, d'un coté le monde ultra-technologique de NyLoPa et de l'autre, celui régressif des territoires hors cités. Chaque chapitre propose de suivre alternativement des personnages évoluant dans les deux univers, ceux-ci finissant par se rejoindre sur la toute fin du roman pour faire face à une menace commune.

Si ce concept est porteur de nombreuses promesses, le procédé sérialesque choisi (le projet était multimédia à travers une vidéo BD téléchargeable chaque semaine) empêche le récit de vraiment convaincre. Certes, Bordage a une idée d'où il veut aller avec son antagoniste principal, mais il prend largement son temps pour y arriver et multiplie les péripéties au point que celles-ci deviennent vite répétitives ou juste artificielles (Naja qui se fait capturer par les adorateurs de Lusfer, la tribu à la personnalité changeante...). Avec plus de 800 pages au compteur, il y a comme la désagréable impression que Bordage a préféré faire dans le remplissage un peu facile au lieu de peaufiner davantage son intrigue principale pour lui donner son plein potentiel (voir le personnage de Caton à la psychologie caricaturale ou l'enquête des fouineurs dont on se demande comment ils ne voient pas la manière dont les tueries se passent...).

C'est d'autant plus frustrant que les idées qui fondent son récit sont intéressantes et que bon nombre de personnages sont attachants. Un peu plus de travail en amont aurait été appréciable. A défaut, c'est un récit d'aventure science fictionnel qui se lit aisément mais s'oublie tout aussi facilement.