SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

Une odyssée sociopathe sous amphétamines – drôle, glauque, dérangeante.

« La discutable dextérité dont j'ai fait montre pour me dépatouiller de mon existence laisse à penser que je suis tout sauf un exemple à suivre. » Le ton est donné. Le narrateur de Clamser à Tataouine est un jeune homme en guerre contre tout – la société, les institutions, les autres, lui-même. Un paria volontaire, plus doué pour la logorrhée brillante que pour la rédemption. Son projet ? Une vendetta méthodique contre toutes les strates sociales, en les infiltrant pour mieux les anéantir… au sens littéral.


Avec ce premier roman dérangeant et férocement jubilatoire, Raphaël Quenard transpose sa verve d’acteur à l’écrit. Son style est un geyser d’argot retravaillé, d’inventions verbales délirantes, de fulgurances philosophiques trash. C’est un texte sans filet, qui ose tout : l’humour noir crasse, les digressions sociologiques bancales mais fascinantes, la violence nue – verbale comme physique. Le lecteur se retrouve happé dans une psyché en fusion, où le grotesque côtoie le sublime.


Le roman est aussi une galerie de figures archétypales : le patron paternaliste, la bourgeoise hypocrite, le prof désabusé, le camarade de cellule illuminé… Tous deviennent des proies, des miroirs ou des étapes dans la croisade absurde et rageuse du narrateur. Mais derrière la provocation, Quenard livre une réflexion grinçante sur l’exclusion, la culpabilité collective et l’absurdité des discours tout faits.


Clamser à Tataouine, c’est du Céline passé au mixeur punk, du Despentes version stand-up halluciné, une farce sanglante dans un français en fusion. Un objet littéraire non identifié, insolent, brillant, parfois insoutenable – et c’est justement ce qui en fait la force.

Créée

le 15 mai 2025

Critique lue 1.9K fois

Mister Culture

Écrit par

Critique lue 1.9K fois

8

D'autres avis sur Clamser à Tataouine

Clamser à Tataouine

Clamser à Tataouine

le 15 mai 2025

Une odyssée sociopathe sous amphétamines – drôle, glauque, dérangeante.

« La discutable dextérité dont j'ai fait montre pour me dépatouiller de mon existence laisse à penser que je suis tout sauf un exemple à suivre. » Le ton est donné. Le narrateur de Clamser à...

Clamser à Tataouine

Clamser à Tataouine

le 29 mai 2025

Tu causes, tu causes, Laverdure...

Quand il a débarqué au cinéma, Raphaël Quenard, quelle apparition ! Fan de Dupieux, j'ai adoré sa prestation dans "Yannick" même si son intervention sur scène se termine en eau de boudin. Pas grave,...

Clamser à Tataouine

Clamser à Tataouine

le 5 oct. 2025

Ici ou ailleurs...

C’est avec une certaine surprise que j’ai découvert ce livre signé Raphaël Quenard. J’ai d’abord imaginé une autobiographie (déjà !?) Finalement non, comme indiqué sur la première de couverture, il...

Du même critique

Terrifier 3

Terrifier 3

le 7 oct. 2024

Incontournable

Dans un paysage cinématographique où l’horreur ne cesse d’évoluer, Terrifier 3 s’impose comme un véritable choc. Suite aux événements traumatisants de l’Halloween précédent, Sienna et son frère...

La Chute de la maison Usher

La Chute de la maison Usher

le 17 oct. 2023

Une Revisite Contemporaine Poignante de l'Œuvre d'Edgar Allan Poe

"La Chute de la maison Usher", la dernière création du réalisateur Mike Flanagan, est une adaptation contemporaine de la célèbre nouvelle d'Edgar Allan Poe. La série offre une expérience captivante...

Clamser à Tataouine

Clamser à Tataouine

le 15 mai 2025

Une odyssée sociopathe sous amphétamines – drôle, glauque, dérangeante.

« La discutable dextérité dont j'ai fait montre pour me dépatouiller de mon existence laisse à penser que je suis tout sauf un exemple à suivre. » Le ton est donné. Le narrateur de Clamser à...