Ayant vraiment beaucoup apprécié « Europeana », opuscule drôle méchant et assez brillant de Patrick Ourednik, je me suis lancé dans la lecture de sa production disponible en français, ma maitrise du tchèque étant pour le moins limitée. J’ai donc entamé la lecture de « Classé sans suite » avec un a priori positif, tout en étant conscient que le format changeant j’allais vraisemblablement me retrouver face à une autre facette de l’auteur.


Un roman donc, jouant avec les codes du policier, s’adressant au lecteur régulièrement, brisant parfois l’attente de ce dernier, en particulier quant il s’agit d’évoquer la résolution de l’intrigue qui est le seul contrat tacite fondamental passé entre l’auteur et son récipiendaire quand on aborde le genre du polar.


On se retrouve en fait avec un roman plus large puisqu’il parle de l’est communiste, de la république tchèque, de Prague, et utilise l’éclatement du récit, les fausses pistes volontaires, le manque d’information, la multiplicité des personnages pour laisser une très très grande liberté d’interprétation au lecteur, et par la-même s’évitant la nécessité de pousser la cohérence de son récit.


L’objet est donc intéressant, référencé, intelligent dans sa façon de trahir en permanence les attentes du lecteur, mais se perd un peu dans son obsession de jouer sur le format et l’intérêt que l’on peut ressentir à se balader dans la vie des différents personnages se délite petit à petit puisque indépendamment de la résolution de(s) l’enquête(s) on reste sur sa faim dans le développement de certains personnages (le flic, les vieux), et l’impression de ne faire qu’effleurer le contexte, les personnages et l’histoire laisse un sérieux goût d’inachevé.


Reste l’écriture, qui est toujours fine, drôle et méchante, le personnage de vieillard indigne est en particulier tout à fait jubilatoire. Au final on ressort avec le sentiment d’avoir lu un texte bien écrit mais manquant tout de même de cohérence et de continuité (tout en admettant bien sûr que c’est constitutif du postulat de départ du roman).

CorwinD
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le 20 juil. 2015

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