Super intéressant même si on n’est pas du tout d’accord. Tout d’abord, l’auteur ne s’adresse pas à tout le monde (=nous), mais à un lectorat spécifique trié sur le volet : « pour un vrai lecteur, soucieux de réfléchir à la littérature ». Bof. C’est-à-dire les gens qui font hypokhâgne, étudiants, profs et autres agrégés de lettre. Ça représente une très infime partie de la population, bref une partie infime de lecteurs. Chez nous sur Senscritique, il me semble qu’on ne lit pas tellement pour réfléchir à la littérature, mais plutôt pour réfléchir ou rêvasser sur le monde. Du coup ça fausse tout car ce sont ces gens, les crâneurs qui ont besoin de crâner entre eux, qui font croire qu’ils ont lus. Pour les autres lecteurs, les gens normaux, bien sûr qu’on parcourt parfois ou qu’on referme des livres, mais on s’en fiche et on n’a pas à le cacher ; en général on lit pour nous-même ou pour échanger avec quelques personnes sur nos lectures. On n’a pas ou rarement besoin de crâner et la lecture est pour nous une distraction, un plaisir, un hobby comme le vélo pour les cyclistes ou les jeux de rôles pour d’autres. Du coup, on va pas se casser les pieds à faire semblant de lire. Mais choisir des livres qui vont nous plaire, lire pour le plaisir, et bien sûr pour réfléchir car on n’est pas plus con que ces khâgneux sortis de la cuisse à Jupiter, mais pas tellement pour réfléchir à la littérature, plutôt pour réfléchir sur nous : sur la vie, les autres, l’humanité, le passé, le futur, les dominations, les sentiments, la terre, les animaux, l’amour, l’amitié… ; bref tout sujet concernant l’espèce humaine ne se rapporte pas à la culture avec un grand Cul. Lire, c’est de la culture, certes, mais pas celle qui ne parle que d’elle-même dans ce nombrilisme chiant de mise en abyme permanente (de livres parlant de littérature, cinéma vantant le cinéma, d’artistes annonçant la fin de l’art). ça c’est une toute petite partie de la culture. A part ça, Pierre Bayard nous donne envie de lire des livres, de découvrir des auteurs, c une chouette mine de renseignements ! Il nous rappelle des lieux communs intéressants : on oublie nos lectures, mais il en reste quelque chose et, en général, il en est de la lecture comme des souvenirs d’enfance partagés entre frères et sœurs : on ne se rappelle pas la même chose, plusieurs lecteurs d’un même livre en ont retenu des choses différentes. Car la vie humaine est faite de subjectivité, nous avons chacun un récit sur les divers éléments de nos vies, y compris sur les livres, même si ces livres lus s’impriment dans notre mémoire et font partie de nos expériences. Bref, une lecture agréable et intelligente, avec en prime des anecdotes amusantes. j'ai pas lu les dernières pages.