La force d’un regard féministe et intersectionnel

En guise de préambule il me semble nécessaire de préciser qu’en tant qu’homme blanc européen, il m’est difficile d’appréhender pleinement l’ensemble des problématiques que Bell Hooks explore dans Communion. La distance entre mon vécu et celui dont parle l’autrice rend l’exercice de la critique délicat aussi je l’aborde avec prudence et humilité, conscient des angles morts inhérents à ma position.

Cela étant posé, Communion est un ouvrage que j’ai trouvé riche, voir dense, et divers, il offre une matière précieuse pour quiconque souhaite approfondir les questions féministes et intersectionnelles, notamment à travers l’analyse fine proposée du statut des femmes noires aux États-Unis. Sa réflexion, à la fois académique et ancrée dans le réel, éclaire des enjeux sociaux, politiques et affectifs trop peu présents dans l’espace public, à tout le moins en France.

J'ai néanmoins quelques réserves, déjà perçues dans ses précédents livres d'ailleurs, il y a une dimension spirituelle, voire mystique qui traverse le livre et peut être déstabilisante. Cette présence marquée, qui est une composante importante de la pensée de Hooks, m’a parfois sorti du récit, tant elle contraste avec les analyses universitaires et les descriptions très concrètes de situations vécues. Par moments l’ouvrage se rapproche presque d’un livre de développement personnel, impression renforcée par les nombreuses mises en situation, les témoignages et les exemples tirés de l’expérience personnelle de l’autrice.

Ce point mis à part Communion est un texte instructif, engagé et d'une grande puissance réflexive. C’est un témoignage fort et sincère sur la vie et les luttes des femmes noires américaines, et un ouvrage qui offre des pistes essentielles pour repenser l’amour, les relations et l’émancipation à l’intersection des identités.