Ce fut une grande déception pour moi de reprendre ce livre.
Lu pour la première fois alors que je n'avais que 17 ans, je n'en avais qu'un vague souvenir. J'ai donc décidé de profiter des vacances universitaire pour me replonger dedans. Ma critique sera cependant brève, comme le livre l'est.
Il n'y a, en effet, que 130 pages, ce qui est court, cependant, et là où ça fait véritablement mal c'est dans l'agencement des parties et tout simplement le traitement accordé à ces dites parties.

La Conférence sur l'éthique de Wittgenstein ne fait, à proprement parler, que 20 pages. Tout le reste est du bonus. Je ne note, bien évidemment, pas la conférence, qui peut être déconcertante mais garde cependant une grande facilité d'accès et une véritable réflexion d'une puissance rare, même si, bien entendu, sa brièveté fait que nous sommes obligés de voir parfois ce qui semblent être des limites. En réalité, il s'agit d'une invitation de Wittgenstein a s'ouvrir au reste de sa philosophie. Invitation que je vais accepter avec joie, faut il le préciser.
Non, le gros problème est que les 100 pages restantes (si on enlève les blanches) ne sont absolument pas sur ce texte là !

Il y a 30 (fucking) pages sur l'étude du tableau Pressentiment Complexe de Kasimir Malévitch. Alors certes, j'ai adoré le fait d'avoir un commentaire de ce tableau, de le découvrir, de cerner d'avantage son créateur ... Mais il est où le rapport avec Wittgenstein ?!
Christian Hubert-Rodier tisse des liens dans la réflexion Malévitchienne et celle de Wittgenstein. C'est certes intéressants mais ça ne permet pas du tout d'éclairer le texte sous un jour nouveau. Au contraire, c'est le texte qui éclaire le tableau ! Grosse erreur ! Le pire étant qu'avec 30 pages nous avons là la partie la plus développée de tout le livre.
Le problème suivant est que la lecture de tableau a lieu directement après le texte. Aucune analyse ou commentaire entre temps.La seconde partie, qui fait 70 pages est en réalité tellement sous-découpée qu'elle n'a guère d'uniformité. Le problème étant également qu'on ne parle quasiment jamais du texte. L'ensemble du livre n'est qu'un vaste mensonge. Derrière le titre "La Figure du Philosophe", qui semble faire écho à Husserl et donc appeler l'idée de la tache qui est donnée au philosophe, nous avons en réalité 14 pages de biographies. Certes, c'est impossible de comprendre le texte parfaitement sans savoir ça, sans connaître la vie de Wittgenstein ... Mais pourquoi ce nom là pour ce chapitre ? Pourquoi le mettre en milieu "d'étude du texte" et ni au début ni à la fin de cette grande partie ? C'est totalement irréfléchie !
Et le texte n'est jamais étudié à proprement parlé. On ne cesse de nous parler du Tractatus Logico-Philosophicus, des Investigations Philosophiques et du passage entre les deux ! Très sérieusement c'est à peine si on effleure le texte à proprement parler. Comme si la conférence sur l'éthique de Wittgenstein était, non pas à taire, mais à ignorer tant seules les deux grandes œuvres sont réelles pour l'auteur. Âpre déception il faut l'avouer, car malgré le fait qu'elle soit accessible au grand public la Conférence sur l'Ethique reste un texte des plus passionnants qui n'aurait pas eu à rougir d'avoir 70 pages portant entièrement sur lui. Un bien vif regret pour le lecteur.

Malgré tout, plusieurs informations intéressantes sont données, ainsi que des pistes de réflexions. Bien souvent, cependant, c'est loin du texte mais très proche de Wittgenstein et de sa pensée vis à vis de l'éthique. Ceci, ainsi que le texte en lui-même, m'amène à ne pas descendre ma note en-dessous de 4.
mavhoc
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le 3 juil. 2013

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mavhoc

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