Confiteor
8.4
Confiteor

livre de Jaume Cabre (2011)

J’avais jusqu’ici la prétention d’avoir un cerveau pas trop mal fait.
Jaume CABRE m’en a un instant fait douter !
Oh certainement pas par défection de sa part bien au contraire, mais par la façon dont il a su capter ma concentration, voire la développer pour m’emporter avec lui dans cet ouvrage difficile à pénétrer de prime abord, c’est effectivement là où j’ai douté un moment de mes facultés de concentration…, mais absolument exceptionnel, que dis-je fabuleux qui perpétuellement vous absorbe en vous faisant sans cesse perdre puis retrouver le Nord!
Résumer ce phénomène littéraire serait bien trop audacieux de ma part. Simplement l’auteur se saisi d’un personnage qui s’extirpe avec force de son environnement bourgeois familial de Barcelone qui veut faire de lui un être exceptionnel au sens de l’art. Celui-ci choisira en fait de devenir professeur et se lancera dans une sorte d’autopsie du passé nauséabond de l’histoire avant en quelque sorte que la défection de la mémoire collective ne l’emporte dans l’oubli.
De l’inquisition à la dictature Franquiste en passant par Auschwitz, Jaume Cabré nous entraine à travers une intrigue romanesque puissante et bouleversante mêlant dans l’urgence de sa propre mémoire déclinante tantôt les sentiments du personnage central pour l’amour de la femme de sa vie à laquelle il dédie ce récit, tantôt conversations entre personnages morts et vivants qu’en les confondant par la symétrie de leurs actes à des siècles de différence il nous fait vivre l’horreur de la vilénie des hommes de pouvoir qu’au fil des jours ils s’évertuent en permanence à nous masquer sans pour autant jamais y parvenir.
On s’y perdrait. Sauf que Jaume Cabré, pour lien dans ses aller et retour permanents entre les époques et les situations, nous offre un fil conducteur qu’il a imaginé sous forme du parcours de mains en mains d’un violon dont il se sert comme symbole de l’immortalité de l’art face à la versatilité de l’humain …
Si comme moi vous éprouvez quelques difficultés à « forcer la serrure » pour entrer dans ce roman je vous invite à en faire autant, ce qu’il y a derrière la porte est tellement fascinant !
isabelleisapure
10
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le 31 mars 2014

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isabelleisapure

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