Lorsque commence Crashing Heaven, roman SF/cyberpunk de Al Robertson, Jack et Hugo reviennent sur Station, le dernier refuge de l’humanité depuis que la Terre est devenue inhabitable suite à une guerre entre IA.


Entre son départ et son retour, il y a eu sept années de guerre, la Soft War où la Station et son Panthéon de dieux-corporations a affronté la Totalité, une sorte d’esprit-ruche composé d’IA indépendantes. Pendant un temps, Jack et Hugo ont terrassé certains des plus grands esprits de la Totalité, avant de se rendre à l’ennemi, dégoûtés par le conflit.


Paria dont le dieu tutélaire est en pleine déchéance, Jack a un problème supplémentaire à gérer: Hugo est un véritable psychopathe et, dans peu de temps, il prendra possession du corps de Jack pour de sordides questions de licence. Car Hugo est aussi une IA, une véritable machine de guerre conçue pour tuer d’autres IA. Et il excite beaucoup de convoitises.


Et, comme si ça ne suffisait pas, Jack s’est mis dans la tête de résoudre un crime datant d’avant son départ et de retrouver Andrea, la chanteuse qu’il aimait. Ce qui va être moins facile que prévu.


Dit comme ça, Crashing Heaven donne une certaine impression de densité, pas vrai? En fait, c’est encore plus dense que cela. Il y a toute la partie sur la réalité augmentée ubiquitaire, qui va jusqu’à affecter le goût des aliments – mais Jack n’y est plus raccordé, donc la Station lui apparaît terne et silencieuse. Il y a aussi les Coffin Drives, des serveurs qui stockent les souvenirs des morts. Et ça, c’est juste pour le décor.


Moitié cyberpunk-noir, moitié SF, Crashing Heaven est un roman fascinant par son contexte et dont l’intrigue est aussi passablement fournie. Ça fourmille d’idées à un point réellement bluffant; rien que la structure sociale avec des corporations divinisées aux pouvoirs fondés sur la réalité augmentée est très bien pensée.


Je suis un peu plus circonspects sur deux-trois points annexes. D’abord, les personnages; si l’évolution du duo Jack-Hugo est intéressante, je n’ai jamais réellement pu m’attacher à eux. Ils semblent aussi avoir le chic – surtout Hugo – pour monter des plans prétendument infaillibles et se ramasser systématiquement derrière. Ça aurait pu être un ressort comique intéressant, mais l’humour est un élément qui est quasiment absent du bouquin.


Ce qui m’amène au style, qui n’est pas mauvais en lui-même, mais qui manque singulièrement de souffle par rapport au sujet et au contexte. Plus d’audace linguistique aurait contribué à rendre Crashing Heaven inoubliable. Bon, ça signifie qu’en l’état, il est juste très bien.


C’est un roman très intéressant, surtout par son contexte et dans un deuxième temps par son intrigue; il est blindé d’inspirations pour les amateurs de science-fiction transhumaniste ou pour du cyberpunk futuriste.


Article précédemment paru sur alias.erdorin.org

SGallay
8
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le 4 juil. 2017

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