Muddle & Accident

Un soir, un homme ordinaire "voit" d'un seul coup toute l'histoire de l'Univers défiler dans son crâne. Puis celle du Multivers. Revenu sur terre, il raconte.

S'il existe un livre qui prouve que l'imagination humaine est infinie au carré (je veux dire: élevée à la puissance d'elle-même), c'est celui-ci. On ressent, en étant frappé par certaines intuitions, un peu le même genre de sensations que procure le De Natura Rerum de Lucrèce, qui décrivit l'infini petit au premier siècle de notre (enfin, la leur) ère. Ici, Stapledon, érudit et universitaire, compile tout ce que savait la science de son époque et extrapole brillamment (explosivement, même) le reste, et un peu au-delà.

Sans rire, je pense qu'une bonne moitié des livres de SF écrits au cours du XXe siècle sont nés grâce à celui-ci et ses intuitions fulgurantes.

Si vous voulez écrire un roman de SF et que vous voulez savoir ce qui a déjà été fait, lisez Star Maker. Et si votre idée s'y trouve déjà, vous en dénicherez bien une autre. (NB: je l'ai lu en VO; j'ignore la qualité de la traduction).

Il n'y a que la fin qui me chagrine; en bon chrétien éduqué à Oxbridge sous la reine Victoria, Stapledon n'a pu s'empêcher de conclure que son principe créateur d'univers était en fait (un) dieu. Bon. Peut-être qu'il l'a fait pour échapper au bûcher de l'Inquisition (qui existe encore; je le signale à l'attention des petits canailloux qui croient que le moyen âge est terminé). Je l'ignore. Mais ce n'est pas très grave; je suis sûr que son livre (et l'autre, que je n'ai pas encore lu) a fait naître moult vocations athéistes. Alors, on lui pardonne et vobiscum nullus astra capendiou (comme on dit à Agen).

PS: le titre de ma chronique est celui d'un essai de Bertrand Russell contre la religiosité.