Dalva
7.6
Dalva

livre de Jim Harrison (1988)

Le premier livre de Jim Harrison que j'ai lu était une Odyssée américaine que j'avais trouvé bon car relativement facile à lire et subtil dans la façon de défendre l'identité des Indiens d'Amérique. Dalva, publié plus tôt, est au contraire une chronique indienne trés/trop dense. Ce roman à deux narrateurs prend en effet des directions différentes. La première partie contée par Dalva, femme au sang Sioux du Nebraska de quarante cinq ans, est un véritable portrait de femme américaine de la fin des années 80. Son attitude, conditionnée par l'abandon de son seul enfant à l'âge de quinze ans à la naissance, est un goût de liberté et d'indépendance pour elle qui a du se réinventer tout au long de sa vie pour ne pas rester sur ce traumatisme. Harrison ne s'y était pas trompé en donnant le titre de son roman à son anti-héroïne qui aime aussi la vie entre sexe impromptu avec des hommes différents ou contemplation de la nature lors de ballades avec sa jument Pêche. Et c'est dire aussi qu'elle lui ressemble beaucoup , aussi bonne vivante qu'il le fut. La deuxième partie avec Michaël, universitaire et parfois amant de Dalva, qui travaille sur le journal de bord de son grand-père Sioux botaniste, est peut être ce qui gâte l'ensemble car l'auteur remue une histoire ancienne et secondaire. Je pense vraiment que ce qui intéresse le lecteur est de savoir si Dalva retrouvera son fils au bout du compte. Les péripéties de Michaël à la campagne avec les oies ou à côté de la plaque avec son alcoolisme sont risibles mais ne donnent pas la même profondeur, même si son envie d'aller au bout de son étude est notable. La bonne surprise, cependant, c'est l'interaction entre les personnages proches de Dalva. Naomi (sa mère), Ruth (sa soeur) et Frieda ( fille de Lundquist, l'ami suédois) sont représentatives d'une féminité décomplexée qui ne s'en laissent pas compter par la vie et les hommes. Leurs liens familiaux parfois contrariés et indéfectibles constituent la grande chaleur humaine du livre. En laissant un peu moins de place à la chronique indienne du grand-père, Harrison aurait évité la dimension patrimoniale de son roman mais aurait permis au lecteur un développement un peu moins factuel sur la quête de Dalva. C'est mon seul regret qui ne nuit pas à la qualité du livre bien conté dans l'ensemble. Je suis content de l'avoir lu, de lui avoir consacré du temps car il permet une évasion entre intimités et Histoire.

Specliseur
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le 8 mars 2017

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