L'histoire d'un garçon de 10-11ans qui a travers un long voyage de 8 ans de l'Afghanistan en Italie, a vécu des atrocités que vous ne souhaiteriez même pas a votre pire ennemi. Quitter sa famille, son village de naissance, tout ce que l'on connaît, du jour au lendemain pour partir, s'exiler car sa mère le sait condamné a mort en Afghanistan pour une pauvre histoire de dette.
Un récit qui m'a fait réaliser trois choses :
-Le pouvoir qu'avaient (et qu'ont toujours) les talibans en Afghanistan. Je sais que ça peut paraître évident mais l'histoire m'a fait réaliser le point où ça en était. Ce sujet est traité dans la première partie du récit, on y découvre la persécution des Hazaras, l'ethnie d'Enaiat, et par la même occasion la violence des talibans, à cause desquels le garçon est forcé de s'enfuir.
-La difficulté du voyage. Nous autres européens, ne voyons que l'arrivée des migrants en Europe, on entend sans cesse parler des noyades de ces pauvres gens dans la méditerranée mais nous ne réalisons pas forcément que ces gens-là étaient déjà justement des survivants, que leur voyage dure depuis déjà sans doute plusieurs années. Ce récit me l'a vraiment fait comprendre, la migration ce n'est pas qu'un voyage qu'on fait en faisant des escales. Ou bien si, mais les escales peuvent durer 3 jours comme 6 mois, Enaiat n'a pas de destination exacte, il va au Pakistan car c'est mieux qu'en Afghanistan, puis il y trouve du travail, puis il va en Iran parce qu'on lui a dit que c'était mieux qu'au Pakistan, puis il trouve aussi du travail là-bas, de même pour la Turquie après, la Grèce, puis l'Italie. Même si les plus grandes atrocités qui lui arrivent sont en Iran et en Turquie, et surtout le voyage entre les deux pays, tout le voyage est succession de souffrance, d'injustice et surtout d'inhumanité mais malgré tout d'amitiés qui se forment puis se déchirent, et de rencontres, plus ou moins bonnes.
-Enfin la chance que nous avons de naître avec une cuillère d'argent dans la bouche. Que l'on soit considéré comme pauvre ou riche dans un pays européen ne fait pas de différence : nous avons une chance inouïe et sommes les privilégiés de ce monde. Rappelez vous de ce que vous faisiez a 10 ans. Moi je jouais aux petites voitures et je râlais quand mes parents me disaient d'aller à l'école, mon pire malheur c'était de perdre mes billes pendant la récréation. Enaiat travaillait, d'abord dans le commerce, puis dans le bâtiment, payé au noir, il n'avait pas de parents et ce qu'il avait peur de perdre, c'était la vie.


Cette biographie est la preuve que les temps doivent changer, de telles situations ne doivent plus exister ! Alors il faut que les gens réalisent que vouloir arrêter les migrants aux frontières n'est d'aucune utilité, il faut régler le problème source, et en attendant nous nous devons d'aider notre prochain. Dans le livre il est parfois question de personnes d'une extrême gentillesse, la vieille dame de Mytilène qui accueille Enaiat, l'habille, et le nourrit, toutes les religieux qui font des distributions de nourriture dans les églises, Marco et Danila qui seront les seconds parents d'Enaiatollah, eh bien toutes ces personnes, si nous ne pouvons les égaler, nous nous devons de tenter des les imiter et de venir en aide à ceux qui souffrent alors que nous vivons bien.


En bref un récit qui ne peut que faire réagir, au moins intérieurement profondément mais qui est aussi une leçon de persévérance, d'humilité, et d'espoir.

Panirée_Imperator
8

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Créée

le 2 sept. 2018

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