Fabio Geda parvient à retranscrire à travers le récit de vie de ce jeune Hazara, toutes les peurs, toutes les déceptions, toutes les souffrances, mais aussi tous les espoirs d’un parcours d’exil. Une odyssée terriblement émouvante, qui prend aux tripes, dans laquelle alternent larmes et sourires.


De l’Afghanistan à l’Italie, nous suivons le périple d’un enfant qui devient, par la force des choses, adulte beaucoup trop rapidement. Quand certains, à dix ans, jouent aux billes, Enaiatollah, lui, est contraint de faire le ménage dans une boutique au Pakistan. Quand d’autres intègrent le collège, lui se contente d’observer, songeur, les élèves qui ont la chance d’aller à l’école. Quand dans certains pays, on vit sa première histoire d’amour à quinze ans, Enaia, lui, traverse la Méditerranée sur un canot gonflable, au péril de sa vie, après avoir arpenté des montagnes enneigés pendant plus de vingt jours.


Ce livre, conté à la première personne, alterne habilement le récit de vie et les échanges entre Enaia et son éducateur spécialisé, devenu son biographe. Nous accompagnons le jeune Afghan dans ses périples, mais partageons aussi ses réflexions personnelles, empreintes d’émotion, de curiosité et même d’humour. Les anecdotes foisonnent, tandis que reconnaissance et colère, mais aussi naïveté et détermination, alternent dans une valse incessante.


Un récit d’enfance atypique, impitoyable et cruel, pourtant baigné de la lumière dégagée par ce jeune exilé pétri d’humanité et mû par un rêve d’une simplicité évidente : vivre en sécurité, sans risquer chaque jour d’être tué plus ce qu’il est. Un livre essentiel, à mettre dans toutes les mains, pour faire comprendre une des réalités qui se cache derrière les migrations. Un récit qui nous rappelle le bien-fondé du droit d’asile et la nécessité de protéger les nouveaux damnés de la terre, jetés sur les routes de l’exil par les guerres, les fanatismes et l’obscurantisme.

ZachJones
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le 27 mai 2021

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Zachary Jones

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