La Sibérie, une cabane, un homme. Trois personnages qui apprennent à se connaître et à cohabiter six mois durant. Mais une seule maîtresse des lieux, les dominant tous : la Nature.


Sylvain Tesson est un voyageur, un aventurier, un homme qui veut faire de sa vie un carnet de voyage. Il décide alors d'expérimenter la vie d'ermite dans le fin fond de la Russie, comme l'ont déjà fait et en ont témoigné d'autres, là ou ailleurs.
Chaque fois, un résumé de la journée, de longueur variable, mais qui fait preuve d'une constance dans la prose empruntant à la poésie des images.


L'homme de 38 ans n'est pas là pour nous faire la morale, nous faire comprendre que la société de consommation est un enfer et que nous en sommes responsables. Non, il écrit avant tout pour partager ses impressions et émotions grandissantes face à ce spectacle qui se déroule devant ses yeux ébahis. Nous vivons, en tant que lecteur, près de 300 pages de confortable solitude bercée par les mots de l'auteur. De l'évidence de la neige qui tombe au détail d'une fissure dans le lac, le regard de Tesson est partout. Il cherche à peindre pour nous, et pour lui en tant que souvenir manuscrit, un portrait minutieux de ce paysage mouvant. Les pages ont beau parfois se ressembler, elles montrent néanmoins une évolution qui suit celle de la sublime Nature environnante.


L'ermite pour six mois ne pouvait pas se contenter de décrire ce qu'il faisait et observait, il lui fallait également exprimer ses états d'âme : nous découvrons alors un homme à qui presque rien ni personne ne manque, ce qui peut étonner voire choquer mais qui intrigue surtout et invite à se demander comment nous réagirions à sa place.
Accompagné d'une pile de bouquins, Sylvain Tesson nous fait part de quelques bribes de ses lectures, toujours en rapport avec son expérience. Ceci ajoute à son journal un aspect quasi philosophique qui nous donne l'envie de nous délecter de ces livres afin de poursuivre la réflexion entamée par l'auteur.


Du thé, de la vodka, du tabasco, des cigares, autant de mots qui reviendront en permanence dans ce livre, des éléments qui nous raccrochent à ce que nous connaissons, une familiarité partagée avec le personnage. Et lui devient familier avec son environnement qu'il ne cesse de regarder pour en aspirer la substance, la garder à jamais dans sa mémoire.
Sans jamais parvenir à se projeter complètement avec lui (pour ma part en tout cas, puisque je l'ai lu sous 30 degrés), une véritable amertume peut être ressentie lorsque ce bateau vient chercher notre héros et le ramener à son quotidien "civilisé", ayant moi-même eu l'impression de faire une brève pause dans mon existence de tous les jours pour un voyage initiatique et esthétique Dans les forêts de Sibérie.

Cymbaline
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le 30 juin 2015

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