Twist again

Spoiler alerte. Pour parler du bouquin et de son dispositif je vais devoir parler un peu de l’histoire. Vous êtes prévenus.

Recommandé par une amie doublé d’un sérieux besoin de me laver les yeux après les nanars de McFadden, j’entrais dans le récit de Dans son silence, appâté par un résumé un tantinet grossier qui me rappelait l’épisode 3 de la mini série Adolescence sur Netflix dans le procédé que je me laissais imaginer (on parle d’une personne traumatisée et mutique qui reprend soudainement la parole lors d’un interrogatoire voulant revenir sur sa prétendue culpabilité… qui n’arrive que vers les 50 dernières lignes du bouquin disons-le).

Donc voilà le principe : une affaire de meurtre, un coupable, mais l’est-il réellement ?

En partant de ça, il est tout d’abord bien vu de nous faire rentrer dans le récit par un point de vue expert et à priori extérieur à l’affaire, même s’il s’avérera encore plus calculé. On suit Théo, psychothérapeute, fasciné par l’œuvre de la peintre accusée de meurtre, qui voit dans son mutisme soudain un potentiel secret caché, l’ultime pièce du puzzle pour démêler le mystère et un challenge en tant que pratiquant. Le voilà donc qu’il nous rapporte les faits alors qu’il est muté dans le centre qui accueille Alicia pour l’aider.

Mais très vite on digresse sur la vie privée compliquée de notre narrateur. Ancien enfant battu, trompé par sa femme, voyant lui-même une psy… un personnage aussi intéressant à découvrir voire même plus que le sujet initial. Et c’est une des forces du roman : confronter son enquête criminelle et originale avec une autre tristement typique. Ça semble gratuit et gras, mais ça se révèle finalement toujours pertinent… dans un cas pour faire mijoter le lecteur qui doit se coltiner bébou en souffrance avant de revenir au sujet qui l’intéresse et dans un autre où ces passages se justifient par la force des choses. Comme au cinéma et comme dans les pires bouses de Fredda : quand c’est là c’est parce que c’est utile… mais chez l’autrice, c’est mal justifié contrairement au livre reviewé actuellement.

Petits indices semés ici et là nous ferons instinctivement distiller les dessous de l’affaire et sa fin ouverte satisfera l’imagination de chacun, s’appropriant comme il l’entend un dénouement fantasmé. C’est pas plus mal franchement, maintenant c’est toujours pénible de ressentir qu’un ouvrage se repose en grande partie sur son retournement. J’estime que ce procédé est facile et qu’il devrait davantage servir à faire évoluer la suite d’une histoire qu’à simplement remettre les choses en perspective. Toutefois, je serais plus indulgent ici, car l’utilisation ne remet pas uniquement en cause l’histoire en elle-même, mais également la structure du récit, qu’on juge et établi d’une certaine manière pendant la lecture.

Ça se base sur quelques clichés mais la recette fonctionne très bien. Un thriller domestique efficace, honnête et qui semble bien documenté. Autrement plus érudit et malin que ce que je me suis payé plus tôt avec mes précédentes lectures. Une version bien quoi !