Sauf erreur, Déperdition de la chaleur humaine (quel titre !) est le septième roman de l'Islandais Bergsveinn Birgisson, également auteur de recueils de poèsie. Mais il n'a été traduit en français qu'à trois reprises, avec le meilleur pour débuter, sa sublime Lettre à Helga. Pour Déperdition de la chaleur humaine (sacré titre), le road-trip à travers l'Islande que nous propose l'écrivain se joue à trois personnages : le narrateur, son meilleur ami souffrant de dépression, interné en établissement psychiatrique, et l'infirmière de ce dernier, rapidement surnommée la Mère Fouettard par les deux larrons, pour son caractère acariâtre. Entre nous soit dit, lequel des trois est le plus proche de la démence, reste une question pertinente. Quoi qu'il en soit, le récit se préserve de tout réalisme et s'évade vers des contrées indéterminées entre onirisme et loufoquerie, tout en accumulant les réflexions philosophiques autour de notre monde moderne gouverné par les algorithmes. Sans oublier moult références aux sagas nordiques (merci les notes de bas de page) et un humour sardonique. Oserait-on dire qu'il émane également de l'ensemble une certaine part de misogynie ? Oui, osons. Dans cette dérive existentielle qui constitue l'essentiel du livre, tout n'est cependant pas à jeter, loin de là. C'est un roman rythmé, souvent amusant et imprévisible, qui assume son côté surréaliste qui est sans doute synonyme de parabole quant au rapport qu'entretient Birgisson avec la fiction. Cela n'empêche pas de trouver que face à La lettre à Helga, Déperdition de la chaleur humaine (un titre pas si bête, finalement) ne joue vraiment pas dans la même cour.

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le 19 févr. 2023

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