Le chaos des apparences saisi dans toute sa phénoménalité

Alors que j’étais dans la librairie, le titre a déjà fait effet de panneau lumineux qui annonçait :
« Attention, prudence, travaux. » Récit soigné dans ses détails.
Dans ce roman noir, l’instabilité de l’existence des personnages crées par Joseph Incardona donne une couleur toute particulière à ce qu’est ou devrait être leur vie. En usant un langage cru, goudronné de propositions qui se complètent constamment de manière quasi dialectique, il dénonce un vide (notamment social) mais aussi une banalité du quotidien menant directement à une réalité tragique. Pierre, Ingrid, Marie, Sylvie, Camille, Julie… et pour tout dire surtout Pascal, tous l’éprouvent à leur façon. Et derrière le ciment des apparences, aucun d’entre eux ne parvient plus à percer à jour ce qui est réellement en jeu. Surtout pas, d’ailleurs, ce qui est inhérent à la sphère du travail, dont l’auteur suggère à chaque instant qu’elle n’est qu’un écran de fumée.
Joseph Incardona est un écrivain patient, même s’il lui arrive souvent d’appuyer sur les détails qui signent précisément la pauvreté mentale ou sociale de ses protagonistes. Son récit appelle encore à lutter contre un certain renoncement/relâchement mais aussi, à ouvrir les tiroirs que chacun d’entre nous préfère laissés fermés, parce que c’est plus confortable ainsi. Une bonne piste de réflexion, puisqu’en ne prétendant pas mener à une meilleure connaissance de l’être, ce roman nous plonge directement dans l’incertitude de ce que nous pourrions bien faire avec.

MarianneBordreau
8

Créée

le 7 août 2017

Critique lue 275 fois

Cephise Lanoire

Écrit par

Critique lue 275 fois

1

D'autres avis sur Derrière les panneaux, il y a des hommes

Derrière les panneaux, il y a des hommes

Derrière les panneaux, il y a des hommes

le 7 août 2017

Le chaos des apparences saisi dans toute sa phénoménalité

Alors que j’étais dans la librairie, le titre a déjà fait effet de panneau lumineux qui annonçait : « Attention, prudence, travaux. » Récit soigné dans ses détails. Dans ce roman noir, l’instabilité...

Derrière les panneaux, il y a des hommes

Derrière les panneaux, il y a des hommes

le 18 sept. 2017

Toujours plus noir...

Joseph Incardona a la politesse d’avertir. Dans la tête dévastée de son anti-héros, dès les premières pages, une scène programmatique. L’auteur découpera, « du sternum au bas-ventre », le giron de...

Derrière les panneaux, il y a des hommes

Derrière les panneaux, il y a des hommes

le 27 juil. 2022

Un style comme l’histoire, cruel et coupant

Le style est comme l’histoire, cruel et coupant. Parfois même un peu trop, difficile de respirer, la bouche sèche et les yeux tailladés au rasoir.Bon, au bout d’un moment le trio obsessionnel bouche,...

Du même critique

La vie est facile, ne t'inquiète pas

La vie est facile, ne t'inquiète pas

le 4 oct. 2017

De la facilité dangereuse en littérature

Cet écrit a la fâcheuse tendance constante d’écarter les qualités de la précision et de l’acuité, pour se morfondre dans les tréfonds d’un bon sens général un peu écœurant. Le titre est d’ailleurs...

Une vie violente

Une vie violente

le 1 sept. 2017

La solitude d’un homme au sein du groupe clandestin Armata Corsa

Le film reprend le tournant des années 2000, alors que le nationalisme corse vit ses heures dissidentes en se scindant politiquement. Ce qui est mis en lumière dans ce long métrage, c’est le besoin...

Suisen

Suisen

le 1 sept. 2017

Suisen, ou le mythe de Narcisse revisité

Dans ce roman, le choix des mots et l’écriture sont particulièrement justes. Qui plus est, l’auteur ne s’embarrasse à aucun moment de considérations superflues et de fioritures scripturales. Le moins...