Dans ce recueil de nouvelles paru début 2009 chez Antidata, Malvina Maljoux évoque, avec beaucoup d’humour, d’absurdité et de poésie, des sujets qui ne sont pas si absurdes que ça : la longévité indécente de certains hommes politiques ("Eloge funèbre de Maurice Meurice"), l’utilisation du fait divers et la manipulation des émotions du grand public comme méthode de gouvernement ("Message subliminal à Madame Ramirez" et "Le moral des français"), la perte de pouvoir de l’assemblée avec une présidence autocrate ("La mélopée"), le discours de ceux qui prétendent justifier le racisme ("Les Autrui et les d’Ici"), ou encore la stigmatisation des plus démunis comme profiteurs du système par des hommes politiques qui ne sont pas toujours exemplaires ("Les heures supplémentaires").

L’autre grand charme de Malvina Maljoux est cette délectation de la musique des mots qu’on retrouve, entre autres, dans « Transport des grèves », une énumération comme un long poème des raisons esthétiques pour lesquelles deux députés s’auto-convainquent de voter contre le service minimum dans les transports.

Un petit bijou profond et léger.

« Refusant jusqu'à sa mort de se mettre en retrait des mandats qu’il exerçait, Maurice Meurice a épuisé à lui seul 27 attachés parlementaires et 34 secrétaires. Son activité débordante triomphait à l’usure de toutes les résistances et l’émotion fut palpable sur tous les bancs de cet hémicycle lorsque le 3 février la nouvelle fleurit. Il nous quittait. Enfin.
Maurice Meurice est élu député pour la première fois, le 16 mai 1870. Ou 1970 ? Personne ne sait plus. Mais les dés en sont jetés. Des sa première élection, il se distingue par la gravité et l’importance des sujets dont il se saisit : cigarette allumée par le filtre ou puzzle incomplet, rien ne l’arrête. » (Eloge funèbre de Maurice Meurice)
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le 5 avr. 2013

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