Quel est cet homme qui, plus que tout autre, incarne l'esprit des Lumières ? Est-ce le fuyard qui, adolescent, a quitté la maison familiale avec la complicité de sa sœur pour se perdre avec délices dans le bouillonnement intellectuel du Quartier latin ? Est-ce le bon vivant, gastronome et séducteur, naviguant d'amour en amour, toujours prêt à l'audace et à la passion ?
C'est ce portrait en clair-obscur que nous offre Sophie Chauveau dans cet ouvrage. Après avoir ressuscité les génies de Florence comme Lippi et Botticelli, l'écrivaine se penche avec la même verve sur l'un de nos plus grands penseurs. Son livre nous entraîne des années de bohème aux cercles éclairés de l'Encyclopédie. Surveillé par les censeurs sous le règne de Louis XV, il se passionne pour toutes les causes et entraîne d'Alembert et La Condamine dans la grande aventure de la connaissance. Il n'hésitera pas non plus à quitter la France pour la Russie afin de rejoindre la cour de la Grande Catherine.
Mais plus que la fresque historique, ce qui rend ce Diderot si passionnant, c'est ce génie avant-gardiste, cette intuition fulgurante qui le fait entrevoir la nature de la réalité bien avant son temps. Diderot, un visionnaire ? On le sait peu, mais c'est lui qui aurait inventé le terme de psychosomatique, bien avant que la médecine moderne ne s'en empare. C'est également un révolutionnaire du théâtre, qui s'affranchit des conventions classiques, et un véritable inventeur de la critique d'art, capable d'analyser une œuvre avec une finesse et une profondeur inégalées.
Avec ce livre, Sophie Chauveau nous raconte la vie passionnée et passionnante de cet homme d'esprit, nous rappelant à quel point il est urgent de redécouvrir son œuvre et sa pensée. Une lecture vivifiante, pleine de verve et d'érudition, à l'image du personnage qu'elle dépeint.