Dolores
Dolores

livre de Philippe Djian (2025)

Compact, mais parfois elliptique, sombre, mais souvent drôle, le Djian millésime 2025 est fort goûteux et long en bouche, nonobstant sa relative brièveté. Son personnage principal est handicapé, concassé de partout, et ce n'est pas le suicide de son père et la dépression de sa mère qui vont lui recharger ses accus à plat. Dans une atmosphère crépusculaire de pré-fin du monde, l'auteur agite ses protagonistes comme des marionnettes soumises au fil des sentiments, dont ils essaient de s'extirper, sans vraiment y parvenir. L'inimitable concision de Djian est à son apogée dans Dolores, une histoire d'amour impossible et impassible qui tourne délicieusement en rond ou à vide, c'est selon, selon un dispositif narratif sans cesse réactivé par des événements tragiques ou réjouissants, avec le stylo du romancier fréquemment hors champ, faussement à distance, mais présent dans des dialogues acérés. Outre son héros démantibulé, physiquement et sentimentalement, son entourage ne manque pas de caractère : sa presque petite amie, la dénommée Dolores, d'une tout autre classe sociale que lui, la mère de la susdite, le patron de la supérette dans laquelle il travaille, l'amant de sa dulcinée, etc. Bref, c'est de la belle ouvrage, épurée, mais grandiose, où des êtres humains se débattent avec leurs propres contradictions, sous l'œil avisé et narquois d'un entomologiste nommé Philippe Djian.

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