Tout le monde le sait : au Brésil, le football est une religion. Son histoire, ses destins fabuleux (Pelé) ou brisés (Peralvo) sont au coeur de Dribble, un roman à contrepieds déstabilisateurs de Sérgio Rodrigues. Plus qu'une toile de fond, le fútbol régit les relations, complexes, entre un père, célèbre chroniqueur sportif, et un fils, qui n'a jamais trouvé sa place dans la société, alors que le premier est sur le point de mourir. Les deux sont bien obligés de se rapprocher avec au dessus d'eux l'ombre de la mère, suicidée bien des années plus tôt. Le livre est à son meilleur quand il décrit les séances vidéo que le père inflige au fils pour lui raconter les hauts faits de son sport et par la même occasion l'histoire de son pays, en particulier la dictature militaire. Le football brésilien catalyse et exacerbe tous les particularismes de la société avec ses différentes strates et un racisme qui se manifeste avec virulence. Fait de ruptures de tons et d'intrigues incessantes, Dribble peut sembler parfois confus dans sa luxuriance narrative alors que son style, lui, reste classique et agréable à lire. Sérgio Rodrigues use de l'art de la feinte jusqu'à un dénouement totalement imprévisible entre l'attaquant (le père) et le défenseur (le fils). Nul doute qu'une bonne connaissance de l'histoire contemporaine brésilienne et des hérauts de son sport favori aide grandement à saisir toutes les nuances et les références de ce roman foisonnant.

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le 5 janv. 2017

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