Ce fut une joie de voir une première pièce d'Antonio Moresco traduite en français ; une surprise aussi, car on croyait devoir attendre jusqu'en septembre avec "Les Incendiés", dernier tome du triptyque sur la vie et la mort après "La Petite lumière" et "Fable d'amour", deux des meilleurs livres que j'ai lus ces deux dernières années. Il est accompagné d'une préface sur la métathéâtralité, qui donne très envie de lire la pièce et le reste du théâtre de Moresco.


Mais la vraie surprise vient de la pièce elle-même. C'est en effet une pièce où les deux personnages sont : Maria Callas ... et son ver solitaire. Cela peut sembler une blague ; mais le sérieux de Moresco est implacable. La volonté est évidemment de faire s'affronter la beauté la plus haute et la saleté la plus basse, de montrer leur intrication et leur lutte.


Il ne s'agit pas d'un dialogue, car les deux personnages parlent chacun de leur côté, sans se référer (ou alors seulement indirectement, aux propos de l'autre). Les deux dimensions (sublime et vulgaire) ne communiquent pas, ou seulement dans le désir ou le mépris l'un de l'autre. Pourtant le ténia va se mettre à chanter, l'horrible va tenter de se hisser au sublime, et ce double chant, cette résonance, va faire pleurer les foules sans qu'elles sachent que la beauté vient de l'horreur : un ver dans un intestin.


Étant admirateur de Moresco, sa simplicité habituelle m'a touché ; mais je ne peux pas dire que j'ai trouvé cette pièce extraordinaire. Avec la Callas, on en reste bien trop aux passages dans les hôtels, aux noms de lieux sans développement, et à la détestation du ver solitaire. De la part du Ténia, de même, on en reste à son histoire et à son envie de chanter.


Je ne sais pas tellement quoi dire, à part que j'attends avec impatience le reste du théâtre de Moresco ; cette pièce, sans convaincre, laisse à espérer du reste.

Créée

le 7 avr. 2016

Critique lue 821 fois

3 j'aime

Critique lue 821 fois

3

Du même critique

Nadja
Clment_Nosferalis
10

Un chef-d'oeuvre

"Nadja" est un des meilleurs livres du XXème siècle, et l’un de mes préférés dans toute l’histoire de la littérature. Le surréalisme atteint ici son point culminant, sa véritable cristallisation, et...

le 15 sept. 2014

32 j'aime

4

En finir avec Eddy Bellegueule
Clment_Nosferalis
2

Beaucoup de haine et peu d'intérêt

Je n'ai pas lu "En finir avec Eddy Bellegueule" à sa sortie, j'ai voulu laisser passer le temps, ne plus être dans le commentaire à chaud et à cœur, dans la passion et le débat qui ont animé sa...

le 21 oct. 2014

29 j'aime

8