Si vous avez vu et aimé les adaptations de Dune, et en particulier celle réalisée par Villeneuve, vous pouvez foncer lire le livre sans problème. Les ressorts de tension sont souvent différents, même si l'histoire reste la même, donc même en sachant ce qu'il va se passer vous ne perdrez rien.
Par exemple, dans le film la trahison du docteur Yueh est une surprise. Dans le livre, ça ne l'est pas (pour le lecteur en tout cas) car on sait depuis plusieurs chapitres qu'il va le faire, ainsi que ses raisons et son émotion (puisqu'il déteste autant les Harkonnen que les autres). C'est l'un des élèments qui permet de créer une tension dingue, ce que le film ne fait pas, ou moins en tout cas. De la même façon, à la fin du film quelques informations ne sont pas données, alors qu'elles le sont dans le livre. Je pense que Villeneuve va s'en servir pour créer de la surprise dans le prochain volet, surprise absente du livre donc.
Ah et un truc que je trouve dommage : dans le livre Gurney Halleck est un guerrier d'exception mais aussi un très bon chanteur et musicien. Ça a été écarté du film alors que ça aurait permis de caractériser le personnage et le différencier d'Idaho.
J'ai eu très peur au début, quand une note de bas de page m'a renvoyé vers le lexique à la fin comprendre un mot. C'est quelque chose que je détèste, ça me coupe dans ma lecture et je pense par exemple que c'est en grande partie pour ça que j'ai commencé l'Anatomie de l'horreur de Stephen King il y a plus un an et que je ne l'ai toujours pas fini. En plus, le fait d'avoir l'information qu'il y a une note associée à un mot m'empêche de passer outre. J'ai eu peur, donc, mais en fait cela passait bien puisque cette première annotation est la seule du roman et qu'ensuite j'ai pu simplement ignorer les termes que je ne comprennais pas, les plus important étant de toute façon expliqués dans la narration. Du coup fausse alerte, ça passais bien (même si d'avoir vu le film avant m'a sans doute aidé), en tout cas pour l'édition que j'avais.
Il faut s'accrocher au début, malgré tout, mais croyez moi : comme les Atréides, un moment viendra où vous serrez sur Dune.
Gros point négatif en revanche, le livre a été publié en 1965 et ça se sent. Le Baron Harkonnen, antagoniste principal du roman, est obèse au point d'avoir besoin de sustentateurs (des machines qui permettent de voler) pour maintenir sa graisse. Il est dit plusieurs fois qu'il aime les garçons (plus précisement des esclaves sexuels), bref, une représentation dégradante de l'obésité et de l'homosexualité. Les sociétés décrites sont également très partiarcales, et c'est pas plus mal que le film réalisé par Villeneuve réactualise tout ça (dans la mesure de l'acceptable vis-à-vis de l'œuvre originale, le Baron reste obèse par exemple).