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Encore un ouvrage sur la situation du livre en France ! pourrait-on dire. Oui et non, car si Martine Prosper balaie en deux cents pages les points essentiels de l'édition, elle y apporte sa valeur ajoutée : en tant que secrétaire générale du Syndicat national Livre-Édition CFDT, elle décrit très justement comment l'individu est dévalorisé dans un milieu qui se veut porteur d'humanisme.
Loin de la langue de bois, et même dans un registre drôle – ou cynique, selon qu'on est ou non du milieu... – Martine Prosper met à mal le mythe de l'édition littéraire et intellectuelle sise à Saint-Germain-des-Prés, l'un des quartiers les plus bourgeois de Paris.
Partant des données basiques comme la répartition moyenne du prix, elle permet aux novices de comprendre les enjeux qui sous-tendent l'économie du livre aujourd'hui en France. Toutes les problématiques sont abordées, à savoir :
- comment, en rognant toujours plus sur le taux du droit d'auteur, le statut de l'auteur, premier maillon de la chaine du livre, est bafoué ;
- comment la surconcentration a mis en place un duopole formé de Hachette et d'Editis et entraîné une disparition accrue entre les groupes internationaux et le millier de microstructures ;
- comment la surproduction de titres – 38 000 par an – s'explique par la concentration verticale qui intègre les immenses centres de distributions qui ont besoin de livre pour « mettre quelque chose dans le tuyau ».
- comment les librairies sont trop petites pour trop de livres, et comment la danse des nouveautés s'accélèrent sur les tables des libraires – indépendants ou non ;
- comment les États-Unis et les proches pays européens gèrent leur propre système-livre ;
- comment le libéralisme et la loi du profit ont bouleversé le système séculaire de péréquation, selon lequel quelques titres rentables permettent à l'éditeur de publier des titres moins vendeurs mais essentiels à la diversité culturelle ;
- comment le contrôle de gestion et le « court-termisme » se sont immiscés dans la décision finale de publier ou non un titre ou, formulé d'une autre manière : comment les décideurs ne sont plus les directeurs littéraires ;
- comment les professionnels du livre sont séculairement hypocondriaques et pessimistes quant à l'avenir du livre et de leurs métiers ;
- comment les dirigeants sont hypocrites quand ils parlent de l'amour du livre.

Lisez l'intégralité de la critique qui révèle l'aspect le moins reluisant : le monde du travail.
http://www.bibliolingus.fr/edition-l-envers-du-decor-martine-prosper-a80136716
Lybertaire
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le 26 avr. 2012

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