Souvent, les femmes quarantenaires aux cheveux courts s’offusquent quand elles etendent des critiques sur le comportement de leurs enfants. « Hé, mais tu vas pas me dire comment élever mes gamins, non ?! » éructent-elles, dominées par leur hystérie.
Ba là, c’est ce que Rousseau fait : il dit comment éduquer les gamins. Plus précisément, il se sert de son concept phare, l’état de nature, antichambre où l’homme est purement bon avant de devenir corrompu par la société, pour former un garçon, Émile, dès sa naissance.
Ce qui est intéressant, c’est l’idée de laisser l’enfant découvrir lui-même la vie à travers les lois de la nature, le guider plutôt que le contraindre, se posant à l’opposé des précepteurs très stricts et autoritaires.
Évidemment, tout cela est intéressant, voire même naïf. Quand Rousseau parle par exemple de laisser l’enfant découvrir le froid en ne le laissant que peu vêtu par temps d’hiver, l’idée théorique se tient, mais en pratique, il est insupportable de voir son enfant grelotter !
Les idées sont intéressantes, et il est plaisant d’imaginer et de suivre la formation idyllique d’un garçon à travers les étapes chronologiques de sa vie. J’aime l’idée d’exposer un enfant face à ses propres limites physiques et morales, afin qu’il découvre lui-même qu’il n’est pas capable de telle ou telle chose et qu’il l’assimile lui-même plutôt qu’il se fasse brimer par les interdictions assénées par les adultes. Tout cela laisse rêveur, mais en pratique, c’est différent : comment expliquer à un enfant que traverser la route est dangeureux ? Se pencher à la fenêtre aussi ? On le laisse se faire écraser ou chuter puis on poursuit son rôle de gouverneur face à un élève paraplégique ?
Des idées plaisantes, mais seulement en théorie. De plus, le bouquin est d’une longueur monumentale par rapport à ce qu’il souhaite exprimer. J’ai trouvé la lecture souvent barbante.